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obstruent les galeries, où l’on ne peut guère marcher que courbé. Renonçant à poursuivre ma visite jusqu’au centre de l’extraction, je me contentai de recueillir les indications d’un Brésilien chargé de surveiller les travaux, et qui se plaignait de la difficulté d’exploitation de cette mine, augmentée encore par une humidité extrême que l’on ne cherche pas à combattre.

D’épaisses forêts séparent Luis-Soarès de la mine de Congo-Soco. La compagnie anglaise de Congo-Soco est la plus ancienne de celles qui exploitent les terrais aurifères du Brésil ; c’est son exemple, ce sont les résultats recueillis dès le début de cette entreprise qui ont provoqué la formation des autres compagnies. Cinq cents esclaves travaillent à la mine de Congo-Soco ; à ce nombre il faut ajouter quatre-vingts mineurs anglais. Six roues hydrauliques mettent en mouvement cent vingt brocards. Malheureusement le filon, jadis si riche, a presque disparu ; presque tout le travail actuel se borne à exploiter les rochers abandonnés autrefois comme trop pauvres. L’étendue de cette mine est immense. Au mois de juin 1842, on est arrivé, dans une des galeries intermédiaires, à une section de veine qui, entre autres richesses, a offert un morceau d’or du poids de quarante livres : dégagé des substances étrangères, ce morceau avait encore trente-huit livres de poids. A l’époque où je visitais la mine, l’exploitation traversait une mauvaise phase ; depuis six mois, les travaux produisaient peu, et M. Crickett, directeur de la compagnie, qui voulut bien m’accompagner dans la visite de l’intérieur de la mine, chercha vainement des échantillons un peu riches : tous les travailleurs lui répondaient qu’on ne recueillait qu’un minerai pauvre. Les roches n’offrant aucune consistance, il faut soutenir les terres par des poutres. La quantité de bois employée dans la mine de Congo-Soco est effrayante ; les travaux ne peuvent avancer qu’autant que l’ouvrier soutient les percemens nouveaux par des piliers et par des voûtes. Aussi l’exploitation de cette mine exige une grande surveillance, et je n’ai pu qu’admirer l’habile direction donnée aux travaux.

Les trois établissemens anglais de Calta-Branca, Morro-Velho, Congo-Soco, sont les plus importans parmi ceux qu’ont formés des compagnies, et un capital immense est engagé dans cette exploitation. Ces grandes entreprises méritent donc de fixer notre attention. Le gouvernement du Brésil, après avoir long-temps refusé aux Anglais le droit d’exploiter les mines, concédé à ses nationaux, a dû y consentir ; mais il ne l’a fait qu’en imposant aux compagnies anglaises des conditions iniques : il a élevé par exemple de 5 à 10 pour cent les