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entre le lever du soleil et le coucher. Les miasmes qui proviennent de la mine contribuent, sans doute, à corrompre l’air de cette vallée qui semble, au premier aspect, un délicieux séjour. J’aurais été heureux de jouir plus long-temps de l’aimable intimité de M. Herring et de sa famille ; c’est avec regret que je quittai cette riante habitation où j’avais trouvé les charmes de la vie d’intérieur, si rarement goûtés au Brésil ; mais il fallait continuer mon voyage, et atteindre, en côtoyant le Rio das Velhas, Sabara, chef-lieu du district de ce nom.

La ville de Sabara, bâtie au confluent de la petite rivière du même nom et du Rio das Velhas, est entourée de hautes montagnes, qui rendent ce séjour insupportable pendant les chaleurs de l’été. La population est d’environ six mille ames, les rues sont larges et bien aérées. On exploitait autrefois plusieurs mines d’or en cet endroit. Sabara est situé à 45 milles nord nord-ouest d’Ouropreto ; non loin de la ville est un lac dont les eaux ont, dit-on, de grandes propriétés médicales. L’eau, quoique limpide, est couverte d’une pellicule argentée qui blanchit les lèvres de ceux qui la boivent ; les habitans ont donné à ce lac le nom de Lagoa-Santa : ses eaux presque chaudes viennent se réunir au Rio das Velhas. Il y a quelques années, on avait trouvé dans le district de Sabara le platine en assez grande abondance. Cette découverte est restée sans résultats apparens. L’intérieur du pays est encore si peu connu et a été exploré par si peu de géologues, qu’on ne peut s’étonner de voir tant de richesses perdues. Il n’y a au Brésil que l’or placé à la surface de la terre qui tente l’ambition des habitans. Le gouvernement, qui ne tire que des revenus peu importans des mines actuellement exploitées par les Brésiliens, ne cherche pas à stimuler une population qui, sous une direction habile, serait, je crois, capable d’activité.

De Sabara à Caëthe, la route n’offre aucune particularité intéressante. Une distance d’environ six milles sépare ces deux villes. Rien n’est plus triste que les abords de Caëthe. Pour arriver à la ville, on descend une côte aride où s’élèvent à peine quelques buissons épineux et quelques mimosas rabougris. Partout la couleur rougeâtre du sol annonce le pyrite de fer, et donne un aspect triste à ces terrains abandonnés. Caëthe, assez jolie ville, a une église regardée comme le plus bel édifice de la province, et qui n’est qu’un grand bâtiment d’architecture insignifiante. La population est de quatre mille ames. L’industrie des habitans consiste dans la fabrication de poteries communes et dans la culture des arbres fruitiers. Le climat, beaucoup plus tempéré qu’à Sabara, a fait multiplier les fleurs et les fruits d’Europe,