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si difficile d’une mine d’or. Les hommes mêmes qui ont l’expérience du travail de toutes les autres mines échouent dans cette exploitation, pleine de difficultés et de hasards ; la formation de la veine d’or est presque toujours inégale, et se présente sous les aspects les plus différens. Les Anglais, tout en exposant d’immenses capitaux, n’ont pas voulu demander à l’Allemagne les seuls travailleurs qui pussent rendre leurs travaux productifs. Nulle part peut-être le mauvais choix des chefs mineurs envoyés d’Angleterre n’a produit d’aussi fâcheux résultats qu’à Calta-Branca. Un seul éboulement a coûté la vie à onze nègres ; quant aux éboulemens partiels qui n’ont fait qu’un petit nombre de victimes, on ne les compte plus.

Les travaux des ingénieurs anglais de Calta-Branca avaient atteint, le 10 décembre 1842, une profondeur de 104 brasses ; la veine d’or, dont l’épaisseur et la largeur varient à tout instant, était mélangée de bismuth et de quartz ; dans toutes les parties où dominait le quartz, l’or était plus pur et plus abondant. On ne recueillait le métal qu’en parcelles palpables, et on n’avait pu rencontrer encore des morceaux d’or d’un grand poids. La dureté du minerai rend l’exploitation difficile. Environ quarante nègres sont employés dans l’intérieur de la mine : ils doivent travailler huit heures de jour ou de nuit ; des mineurs anglais les surveillent tout en travaillant avec eux. Le nombre des esclaves employés par la compagnie de Calta-Branca est de trois cents. Les femmes ont à trier le minerai, à le placer sous les brocards, à retirer et à laver le sable aurifère. Le filon de Calta-Branca, sans être d’une richesse remarquable, aurait pu couvrir facilement tous les frais d’exploitation ; mais les actionnaires ont choisi des officiers de marine pour directeurs, ils ont confié la conduite des travaux à des agens privés des connaissances nécessaires, et aujourd’hui leurs intérêts sont compromis : les actions de cette mine ne valent plus que 150 fr., pourtant le capital avancé a été de 400 à 500 fr. Aucun dividende n’a pu être payé depuis la formation de la compagnie, et il me paraît difficile d’admettre qu’aucun changement favorable s’opère dans l’exploitation de Calta-Branca.

La compagnie emploie des esclaves et dés affranchis ; après cinq ans de travail irréprochable, on donne à chaque esclave, le dimanche, 50 centimes, lorsque sa conduite a été bonne pendant la semaine. Une fonderie de fer, exploitée par la même compagnie, est à deux lieues de Calta-Branca ; le minerai de fer y est abondant, le métal est supérieur en dureté, dit-on, au fer de Suède : tous les outils employés pour la mine y sont fabriqués. Cette fonderie est exclusivement réservée