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coutumes portugaises. Au Brésil, le plus grand honneur que puisse vous faire un mari, c’est de vous présenter sa femme ; souvent il m’est arrivé de recevoir les excuses de ceux qui ne pouvaient ou ne voulaient me présenter leur famille, mais qui croyaient toutefois devoir colorer d’un prétexte ce manque de respect au visiteur européen.

La conversation de l’ex-président était peu intéressante, il ne savait que me parler du haras établi à Cachoiera par don Pedro Ier. Situé dans une allée dont le climat est toujours tempéré, et où de nombreux cours d’eau entretiennent une végétation perpétuelle, ce haras,disait-il, aurait pu exercer quelque influence sur l’amélioration de la race chevaline. Des étalons venus de Syrie y avaient été envoyés, mais bientôt les administrateurs avaient détourné les fonds qui leur étaient confiés par l’empereur, et l’établissement, trop négligé, avait fini par devenir inutile. Il ne reste plus aujourd’hui que les bâtimens élevés aux frais de don Pedro ; quant aux étalons, ils ont péri misérablement, sans qu’on puisse retrouver dans le pays un seul cheval de race arabe.

De Cachoiera à Itabira, la route suit la vallée ; je dus traverser plusieurs fois la petite rivière d’Itabira, heureusement peu profonde. Il serait facile, avec quelques soins, de rendre cette vallée fertile ; les Brésiliens, peu soucieux d’améliorer les produits de la terre par des engrais, ne tirent du sol que ce qui suffit à leur consommation, et se bornent presque partout à cultiver le maïs ou les haricots. Quelques champs de riz planté dans les plaines facilement inondées forment, avec les champs de maïs et de haricots, les principales cultures de la province de Minas-Geraës. Ce que nous disons de cette province pourrait s’appliquer au reste de l’empire. La nature a tout fait pour le Brésil, et l’homme, au lieu de porter dans les travaux agricoles une activité intelligente, ne pense qu’à découvrir des métaux précieux. Le succès d’un seul spéculateur fait oublier les nombreux exemples d’existences ruinées, de fortunes dilapidées dans ces recherches aventureuses. Il serait temps pour les habitans de Minas de renoncer à leurs rêves chimériques et de se consacrer à l’agriculture. Les parcelles d’or qui jadis brillaient à la surface du sol sont devenues beaucoup plus rares ; l’or n’existe plus aujourd’hui en abondance qu’à de grandes profondeurs, et les dépenses d’extraction, dans un pays où l’usage des machines se trouve limité, faute de moyens de transport, absorbent les produits des mines les plus abondantes. Mais il faudra encore bien des leçons sévères pour éclairer les Brésiliens sur leurs véritables intérêts.

Itabira est un village d’environ deux mille ames. Les habitans, employés par la compagnie anglaise qui exploite la mine de Calta-