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HISTOIRE

DE

L’ÉCOLE D’ALEXANDRIE

PAR M. JULES SIMON.[1]
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Aucun genre de grandeur n’a manqué à l’école d’Alexandrie ; le génie, la puissance, la durée, ont consacré son souvenir. Ranimant, à une époque de décadence, la fécondité d’une civilisation vieillie, elle a suscité toute une famille de grands esprits, de nobles caractères ; Plotin, son vrai fondateur, a fait revivre Platon ; Proclus a donné à Athènes un autre Aristote. Déjà si grande dans l’ordre de la pensée, elle a eu la noble ambition de gouverner les affaires humaines ; avec Julien, elle a été la maîtresse du monde. Durant trois siècles, elle a ténu en échec la plus grande puissance qui jamais ait paru parmi les hommes, le christianisme, et si elle a succombé, c’est en entraînant dans sa chute la civilisation dont elle était le dernier rempart.

Avant de devenir une grande école de philosophie et une puissance politique et religieuse, Alexandrie avait été un brillant foyer littéraire et scientifique, et comme une seconde Athènes. Avant de produire

  1. Chez Joubert, rue des Grés, 15.