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LES


CAISSES D'EPARGNE.




L’ancien régime avait couvert la France d’ordres religieux que la révolution a détruits ; le vide laissé par ces institutions grandes et disparues, que le temps, avait formées et que le temps a renversées, se fait encore sentir dans la situation troublée de notre industrie. L’assemblée constituante, en réorganisant la France sur les bases nouvelles de la philosophie et de la liberté, s’aperçut, au sourd malaise des consciences, qu’elle commençait une ère de transition dont elle ne verrait pas le terme. Elle ébaucha à grands traits un système économique sur lequel nous vivons encore à cette heure, mais qui laisse en dehors de soi, il faut le reconnaître, de graves questions et d’immenses intérêts. Cette assemblée, qui osa tout le reste, recula effrayée devant la solution du problème de la misère. N’ayant point le loisir de s’arrêter dans un temps où tout marchait, elle passa outre, et nous légua un avenir chargé des orages que cette question soulève quand elle s’agite chez un peuple. Les gouvernemens qui se sont succédé ont péri devant ce fantôme menaçant, toujours debout sur la route de l’avenir, comme celui que les compagnons de Gama rencontrèrent sur le chemin du Nouveau-Monde. La république avait tenté de forcer le passage à l’aide d’efforts gigantesques ; elle attaqua le problème par