Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/751

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce qui se fait ailleurs. Elle doit se garder d’être envahie, et en faisant ce qu’il faut pour cela, elle arrivera naturellement à reconquérir et à reprendre la place qu’elle devrait occuper dans les exportations.

Les expositions, comme nous l’avons vu, nous poussent constamment dans la voie contraire. La finesse, la beauté, l’éclat, c’est là tout ce qu’on répète parce que cela seul conduit aux distinctions. Le bon usage, la qualité intrinsèque, le bon marché, tout cela est dédaigné, et cependant c’est ce qui mène au débouché, au bien-être des populations, à la richesse du pays.

Toutes les nations chez qui le travail est honoré, et dont l’attention se porte sur le bien-être des classes pauvres et laborieuses, sont à la recherche de débouchés pour l’excédant de leurs produits. Faut-il, comme nous le faisons, s’adresser aux consommateurs étrangers pour leur offrir seulement les objets destinés au luxe et à la richesse ? ou faut-il avoir en vue les acheteurs de tous les étages, même les classes pauvres, et par conséquent les besoins journaliers et utiles chez tous les peuples ? Cette question est grave, et pour nous, comme on l’a vu, la solution n’est pas douteuse ; le grand commerce est celui qui se fait pour les masses.

Peut-être pourrait-on objecter que les ouvriers employés à des produits riches, créés au moyen d’une plus grande habileté de main-d’œuvre, sont mieux payés que ceux qui font un travail auquel tout le monde peut atteindre. Nous le concédons, quoiqu’il y ait de grands exemples du contraire : aussi n’entendons-nous pas qu’aucun travail soit supprimé ; mais un moyen de donner de l’ouvrage à plus de monde est de s’occuper aussi des objets plus simples et appropriés à plus de besoins. Le salaire sera moins élevé en exigeant moins de science ; mais, sous un climat moins dur que celui de l’Allemagne ou de l’Angleterre, avec plus de ressources pour une nourriture convenable, ce salaire peut être suffisant ; puis encore, en faisant pénétrer certaines industries au milieu des travaux agricoles, l’existence de l’ouvrier aura deux points d’appui, et n’arrivera jamais à l’excès de misère où l’extrême division du travail a conduit des populations voisines.

À ce propos de salaires, nous n’avons pu nous défendre de pénibles impressions en voyant figurer à l’exposition des produits variés qui ont été confectionnés dans les maisons de réclusion. Nous concevons l’embarras de la société en présence des hommes qu’elle a rejetés de son sein ; cependant, par le système qu’elle adopte, elle fait revivra pour eux, toutes les conditions de l’esclavage et non les peines de la