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des pairs, quoique très brillante et très approfondie, n’a pas été complète. Plusieurs solutions paraissent n’avoir pas eu dans la pensée de ceux qui les ont adoptées un caractère définitif. On a remarqué sur quelques points difficiles le silence assez significatif de certains hommes considérables qui pourront prendre dans un nouveau débat une position nouvelle. Et en ce qui concerne, par exemple, la question des huit mille bourses, nous ne serions pas surpris, si l’on veut savoir toute notre pensée, que la chambre des pairs, mieux éclairée, proposât un jour d’effacer les petits séminaires de la loi, et de les laisser tels qu’ils sont dans l’ordonnance. Ce serait un premier pas en arrière. Les circonstances indiqueraient plus tard s’il serait nécessaire d’en faire un second.

La chambre des pairs achève en ce moment ses travaux, et la chambre des députés a terminé les siens depuis quelques jours. Le budget a été voté rapidement. Les chemins de fer ont été l’objet d’une discussion vive, quelquefois même passionnée. Au Palais-Bourbon, l’article additionnel de M. Crémieux a été définitivement rejeté ; n’en parlons plus. Le chemin d’Orléans à Bordeaux et celui de Lyon ont été votés tels qu’ils étaient sortis de la discussion du Luxembourg. Le choix du système d’exécution est ajourné à la session prochaine. On peut dire néanmoins qu’il est arrêté dès à présent dans la chambre élective. La réaction opérée dans l’esprit public contre les compagnies, les jalousies, condamnables du reste, qu’inspirent les grandes situations financières, les dangers que présente pour la vie et la fortune des citoyens une industrie, souvent égoïste, les avantages de la centralisation administrative appliquée à un service d’une importance immense, l’intention récemment annoncée par l’Angleterre de restreindre désormais chez elle le système des concessions, la même tendance beaucoup plus prononcée en Allemagne, enfin la position plus nette et plus libre où se trouvera la chambre lorsque la question des chemins de fer se reproduira devant elle dégagée des intérêts de localité et des prétentions rivales soulevés par la question des tracés, tous ces motifs, nous le croyons, feront prévaloir dans la majorité le système de l’exécution par l’état. Ce nouveau principe de notre législation des chemins de fer se sera établi malgré les convictions opposées du cabinet. C’est une question où, jusqu’ici du moins, il n’aura pas même eu le mérite de défendre bravement sa cause pour succomber avec honneur. La discussion des chemins de fer a clos en réalité la session de la chambre des députés. Nous mentionnerons cependant le vote qui donne au ministre des finances la faculté de terminer par voie de souscription l’emprunt autorisé par la loi du 25 juillet 1841. Le ministre appréciera les circonstances où l’emploi de ce mode pourra réussir. La chambre a voulu affranchir le trésor des conditions un peu dures que lui font subir certaines influences financières. C’est pour cela peut-être que des gens connus pour sympathiser avec ces influences ont pris parti dès le premier jour contre l’article additionnel de M. Garnier-Pagès. Nous ne parlerons que pour mémoire du projet de loi sur les canaux, modifié par la chambre, et de la rétribution