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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 juillet 1844.


Qu’est-il donc arrivé de si funeste au clergé ? La commission dont M. Thiers est l’organe propose de rendre aux petits séminaires les huit mille bourses fondées en 1828 ; aussitôt le parti ecclésiastique jette feu et flamme. Il proteste, il menace, il crie au despotisme et à la corruption. Pour répondre à ces fureurs, il suffit de rappeler des faits que tout le monde sait, et le clergé mieux que personne. Le ministre qui a fait signer les ordonnances de 1828 était un évêque, M. Feutrier ; la commission qui proposa de doter les petits séminaires était présidée par un archevêque, M. de Quélen. Assurément, personne ne croira que ces deux prélats se soient entendus avec Charles X pour sacrifier l’église à l’Université, et les petits séminaires à la Sorbonne. Loin de là, ces huit mille bourses, que les imprudens défenseurs du clergé appellent aujourd’hui le prix de sa servitude, lui furent offertes pour concilier les intérêts réunis de la religion et de l’état. Les petits séminaires ne pouvaient se suffire. Abandonnés à la charité des fidèles, ils se voyaient forcés d’admettre des élèves laïcs dont les pensions servaient à former des prêtres. Ils s’écartaient ainsi du but légal de leur institution, et devenaient de vrais collèges. L’opinion s’en plaignait hautement. Ce fut pour les ramener à leur spécialité, et leur fournir les moyens d’assurer le recrutement du clergé, qu’on les dota. Voulait-on par là humilier l’église ou l’asservir ? Lisez le rapport de M. Feutrier, il vous dira que le gouvernement comptait sur la reconnaissance des évêques. Les chambres avaient la même confiance dans les dispositions de l’épiscopat. En effet, l’élite du clergé reçut avec empressement ce don de l’état destiné à perpétuer le sacerdoce, et à fortifier l’église en l’attachant plus étroitement à sa mission. Des plaintes isolées se firent entendre. Elles étaient dictées par des motifs étrangers à la religion. L’église les désavoua, et personne n’en fut ému. Voilà comment les choses se sont passées sous la restauration. Et l’on vient prétendre aujourd’hui que le projet de rétablir les huit mille bourses est une œuvre abominable ! Le pays, dont