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BRUMMELL.




THE LIFE OF BRUMMELL,
BY CAPTAIN JESSE.




L’auteur du célèbre dictionnaire de la langue anglaise, Johnson, eut pour compagnon inséparable, pendant presque toute sa vie, une sorte de sténographe, qui s’attacha à ses pas comme son ombre, qui recueillit les moindres syllabes qui tombèrent de ses lèvres, comme si c’eût été des rubis ou des perles et qui finit par mettre au jour dix volumes dans lesquels le portrait de son illustre ami fut reproduit aussi exactement qu’il l’eût été par le daguerréotype. Ce que Boswell fit pour Johnson, le capitaine Jesse vient de le faire pour une célébrité d’un autre genre, et il est parvenu à composer deux volumes sur un homme qui passa la plus grande partie de sa vie à mettre sa cravate. George Brummell est probablement peu connu en France ; en Angleterre même, il n’existe déjà plus que dans le souvenir de quelques-uns de ses contemporains. Et cependant ce singulier personnage exerça long-temps dans un certain monde une véritable royauté, celle de la mode. Il fut en Angleterre le roi des dandies, ce que nous appellerions ici, par corruption, le roi des lions. En empruntant à nos voisins cette dénomination, nous en avons complètement altéré le sens. Il n’est pas absolument nécessaire, pour être un lion, d’avoir des danseuses, et de se promener sur le boulevard des Italiens, de Gand, si vous voulez, avec des moustaches ou des gilets excentriques. Ce n’est pas l’habit