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TH. JOUFFROY.




MELANGES POSTHUMES.




Il s’est écoulé plus de deux ans depuis que nous avons perdu M. Jouffroy. Loin de s’être effacée, sa mémoire a grandi, et son nom est cité chaque jour avec plus de respect ; il devient une autorité. Rien à ne doit surprendre ; c’était l’infaillible, mais unique consolation que le temps réservait à ses amis. Dès le jour où il leur fut enlevé, les regrets de tous prouvèrent bien que c’était un coup d’éclat que la mort venait de frapper. Chose heureuse et remarquable, un homme qui n’avait guère parcouru que la moitié de la carrière, qui, par la nature de ses études, la modestie de sa vie, la réserve de son caractère, n’appelait point l’attention si partagée du public, avait obtenu pourtant la réputation solide et brillante dont il était digne. Dans un temps où il se fait tant de bruit qu’il semble impossible qu’un nom soit entendu, s’il n’est répété par les mille porte-voix de la publicité, un philosophe silencieux avait atteint la renommée, donnant ainsi un utile exemple à ceux qui prennent tant de peine pour contrefaire la gloire et réaliser l’oubli, comme à ceux qui se plaignent des jugemens de la multitude