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Angleterre tenir sa maison pour assurer son influence sur la ville de Dalford, voisine de ses propriétés ; qu’il parvienne à y gagner l’élection, et que sir Robert Peel retourne au pouvoir, il sera duc. Tel est le mobile qui engage activement lord Monmouth dans le parti conservateur. M. d’Israeli exprime la morale politique de Monmouth et de la classe de conservateurs qu’il représente, au moment où le marquis avertit Coningsby qu’il lui destine le siége de Dalford. Nous ne mettons pas en doute la vérité de cette scène : même après le bill de réforme, c’est encore un coin du tableau des mœurs électorales de l’Angleterre ; mais est-ce en l’honneur du torysme que M. d’Israeli l’a dévoilé ? Coningsby, qui a des motifs pour refuser, allègue des scrupules ; il ne se croit pas, dit-il, assez préparé pour accepter la responsabilité d’un siége à la chambre des communes.

— « Responsabilité ! dit le vieux tory avec un étonnement d’une cynique naïveté ; quelle responsabilité y a-t-il là ? Peut-on avoir un siége plus agréable que celui que je vous offre ? Vous ne serez responsable qu’envers le parent même qui vous y place… Il est vrai, vous êtes jeune ; mais j’avais deux ans de moins que vous lorsque je suis entré à la chambre : je n’y vis pas la moindre difficulté. Tout ce que vous aurez à faire, c’est de voter avec votre parti. Quant à prendre la parole, si votre talent vous y porte, croyez-moi, ne vous pressez pas. Apprenez à connaître la chambre, et donnez à la chambre le temps de vous connaître. Un homme avisé ne peut pas entrer trop tôt au parlement. » - Voter avec mon parti : vous voulez dire le parti conservateur, répond Coningsby. Je ne peux consentir à appuyer le parti conservateur, ajoute le chef de la jeune Angleterre, c’est un parti qui a trahi son mandat ; les individus qui le composent n’ont pas l’intelligence de leur époque ils ne sont pas à la hauteur de la situation, etc. « Je vous comprends, dit lord Monmouth ; vous parlez de l’abandon des corporations irlandaises. Entre nous, je suis de votre avis ; mais à quoi sert de récriminer sur le passé ? Il n’y a qu’un homme, c’est Peel… Je sais bien que c’est notre faute si nous avons laissé échapper le principal pouvoir des mains de notre ordre ; on n’aurait jamais imaginé cela du temps de votre bisaïeul, monsieur. Si, à cette époque, on abandonnait pour une session le titre de premier à un commoner, il y avait toujours là un comité secret de grands nobles de 1688 qui lui donnaient leurs instructions. » Coningsby déclare que ce n’est pas le comité des grands nobles de 1688 qu’il regrette. « Que diable voulez-vous alors ? » s’écrie lord Monmouth. Coningsby prononce une homélie pénétrée des sentimens de la jeune Angleterre. Tout cela est