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l’intimité d’un des premiers banquiers de l’Europe, le juif Sidonia dont la conversation, qui cherche la profondeur à travers la singularité, dégage les principes les plus élevés de la nouvelle génération ; il y témoigne aussi à une malheureuse jeune fille, à la petite Flor, attachée à la troupe française que lord Monmouth a engagée pour l’été, une bienveillance qui doit lui rapporter plus tard une récompense imprévue. Coningsby part ensuite pour l’université. Pendant la première année qu’il passe à Cambridge, lord Monmouth s’est remarié avec une princesse italienne et s’est fixé à Paris, où il engage son petit-fils à venir demeurer quelque temps auprès de lui. Coningsby voit à Paris Edith Milbank, la sœur de son ami et la fille du manufacturier de Birmingham. Il en devient amoureux ; mais il y a entre M. Milbank et lord Monmouth une inimitié invétérée. L’homme du peuple enrichi a entrepris contre le patricien une lutte sans trêve. Lord Monmouth désirait acheter une propriété voisine de ses terres de Coningsby-Castle ; M. Milbank le prévient. Lord Monmouth possédait dix bourgs à la chambre des communes avant le bill de réforme ; il travaillait à réparer la perte d’influence que cette révolution électorale lui a fait subir ; déjà il croyait avoir suffisamment établi son ascendant dans un bourg voisin de Coningsby-Castle pour y faire nommer un de ses agens. Milbank se présente comme candidat et emporte l’élection. Milbank connaît l’amour de Coningsby pour sa fille, il le sait réciproque, mais il révèle à Coningsby les motifs qui rendent impossible toute union entre la famille de lord Monmouth et la sienne, et il défend à Coningsby de revoir Edith. De son côté, lord Monmouth, pressentant une dissolution prochaine du parlement, veut opposer Coningsby à Milbank dans le bourg de Dalford, et l’engage à aller préparer sa candidature. Coningsby aime mieux encourir la colère de lord Monmouth que de consentir à supplanter le père de la jeune fille qu’il aime. Il paie cher sa générosité. Lord Monmouth meurt, et laisse sa fortune à la petite comédienne Flora, qui était sa fille naturelle. Coningsby, déshérité, déchu de la grande position qu’il occupait dans le monde, réduit à une pension de 300 livres sterling, se résout courageusement à tenter la fortune par son travail ; il va entrer dans le barreau. Sur ces entrefaites ont lieu les élections de 1841, l’évènement qui devait ouvrir à Coningsby la perspective rêvée par lui avec tant d’ardeur de la vie politique. Mais un soir que Coningsby ressentait encore plus amèrement la ruine de ses espérances, en voyant ses jeunes camarades d’Eton se présenter aux hustings avec des chances assurées de succès, il