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LE


THEATRE MODERNE


EN ESPAGNE.




ALFONSO MUNIO, tragedia en cuatro actos, por la señorita doña Gertrudis Gomez de Avellaneda





Le 22 mai 1835, la jeunesse lettrée de Madrid se prit d’un vif enthousiasme, qui bientôt se communiqua, dans la Péninsule, à tous les hommes d’élite. Don Angel de Saavedra, duc de Rivas, grand d’Espagne, aujourd’hui ambassadeur à Naples, venait de faire représenter le plus beau de ses drames, Alvaro ô la Fuerza del Sino (Alvaro, ou la Force de la Destinée)[1], et l’on s’apercevait enfin qu’il était possible encore d’avoir un théâtre vraiment national. La joie fut profonde, et il ne faut pas que l’on s’en étonne. L’ancien théâtre est pour l’Espagne le titre de gloire le plus durable. On enlèverait à la Péninsule ses musées, ses archives, ses bibliothèques ; une armée nouvelle de Vandales ou de Maures brûlerait tous ses livres, tous ses manuscrits, toutes ses

  1. Littéralement : Alvaro, ou la Force du Oui et du Non.