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et lui acquerra peut-être, au nord, les suffrages de tous ceux qui sont opposés à l’annexation, même dans le parti démocratique. En outre, il ne faut pas se dissimuler que la question du Texas est venue joindre à des questions fort épineuses, celle du tarif, celle des banques, etc., et que la fermentation, qui était déjà fort grande, est devenue extrême. Bien des gens en sont sérieusement alarmés et penseront peut-être que le caractère ferme et décidé et la haute intelligence de M. Clay conviennent mieux à un temps de crise que les petites roueries diplomatiques de M. Van Buren, et la médiocrité insignifiante de M. Tyler, même sous la férule de M. Calhoun. Les élections d’états qui se sont déjà faites s’annoncent favorablement pour les whigs. Le Connecticut, où les démocrates avaient eu aux dernières élections une supériorité décidée, a élu tous les candidats whigs à une immense majorité. Les whigs ont également eu la majorité dans le Rhode-Island ; ils sont certains de l’emporter dans le Massachusets, dont la législature vient de renouveler sa pétition sur la modification de la loi électorale, et de voter les résolutions les plus énergiques contre l’annexation. Enfin, dans la Virginie elle-même, les whigs, contre toute attente, ont obtenu une légère majorité, et les démocrates élus appartiennent au parti de M. Tyler. Le résultat des élections de New-York et de l’Ohio décidera du sort de M. Clay. En attendant, la convention préparatoire de Baltimore l’a choisi à l’unanimité pour candidat des whigs à la présidence, et, selon l’usage, on a pris par compensation un homme du nord pour candidat à la vice-présidence ; le choix est tombé sur M. Frelinghuysen, de l’état de New-Jersey.

Rien n’est plus singulier que la position de M. Van Buren et ne montre mieux l’extrême mobilité des partis et de toutes choses en Amérique. Il y a six mois, il se croyait sûr de la présidence ; ses amis reprochaient hautement à M. Tyler de n’être qu’un accident et d’occuper la place qui était due à leur chef. M. Tyler, repoussé par les whigs, avait cherché, sans trop de succès, parmi les démocrates des hommes qui n’eussent pas d’engagemens étroits avec M. Van Buren, et tous ceux de ses ministres qui n’étaient pas ses amis personnels, faisaient bon marché de sa candidature. Maintenant M. Van Buren parait impossible, et nous avons dit pourquoi. D’un autre côté, le parti démocratique se condamnera-t-il lui-même à une défaite en se divisant ? Les amis de M. Van Buren ont affecté de regarder la nomination de M. Wilson Shannon, ministre au Mexique, et surtout celle de M. King, ministre à Paris, comme une avance faite par M. Calhoun à M. Van Buren ; d’autres n’y ont vu qu’un moyen d’écarter au moment