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contracter avec eux aucune alliance. Les brahmanes mahrattes se vantent toutefois, comme leurs voisins du sud de l’Inde, d’avoir été mis en possession du pays par le dieu Paraçourama, sixième incarnation de Vichnou, descendue sur la terre pour faire cesser la querelle entre la caste sacerdotale et celle des guerriers. Si on veut bien conserver ce dogme et fui donner une valeur historique, il représentera un roi ancien mettant d’accord les deux castes rivales en établissant, sur un plus grand nombre de points, les familles militaires d’une part, les familles sacerdotales de l’autre. De là les innombrables petits radjas, nobles à majorats et à seigneuries, répandus dans l’Inde ; de là aussi les agraharas, concessions de terrains faites aux brahmanes ; la date peu ancienne se trouve souvent précisée dans des actes authentiqués inscrits sur des plaques de métal. Tel dut être le moyen par lequel le langage, la religion, l’organisation civile et militaire des Hindous se propagèrent sur une si grande étendue de pays ; cette action civilisatrice, assez lente sans doute, n’ayant point été interrompue par les invasions des peuples de l’Asie centrale, contre lesquelles l’Inde était abritée par de hautes montagnes, par des fleuves de premier ordre, enfin par la mer. Mais ce qui jette quelque défaveur sur l’origine des Mahrattes, c’est qu’ils descendent de trois castes infimes, ou plutôt de trois branches de la dernière caste, qui ne s’appelait point régénérée, comme les autres ; leurs ancêtres étaient laboureurs, bergers, gardeurs de vaches ; malgré toutes leurs prétentions, ils ne peuvent marcher de pair avec les Radjpoutes, fils de rois, dont le nom seul indique la haute noblesse, et auxquels tant de rapports semblent les lier. Il vrai aussi que des différences morales et physiques distinguent les peuples du Ratjasthan de ceux du Maharashtra. Le système fédératif prévalut dans les deux contrées ; chez les deux nations, la guerre fut le premier besoin ; mais on peut dire que les Mahrattes n’ont offert qu’un type inférieur de cette souche commune peut-être. Ils paraissent sortir des rangs secondaires d’une société dont les Radjpoutes seraient les représentans les plus accomplis. On reconnaîtrait volontiers des tribus émancipées dans les Mahrattes, dont la physionomie énergique manque de distinction. Ils ont la figure plate, et leur profil ne reproduit en rien ces lignes unes et pures qu’on admire dans les trois têtes du Trimourti d’Éléphanta ; leurs formes sont plutôt robustes que gracieuses ; la grosseur de la tête, qui frappe chez eux comme une exception à la loi générale parmi les peuples de l’Inde, les éloigne de toute ressemblance avec les images sculptées sur les temples des meilleures époques.

Le nom du Maharashtra, de bonne heure mentionné dans les livres