Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/244

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’indépendance (we may expect shortly to hear of his raising his flag) C’était cinq ans avant la révolte du Texas qu’on s’exprimait ainsi. Le gouvernement mexicain se montra on ne peut plus libéral envers les nouveaux arrivans ; aucune garantie, aucune concession, ne leur fut refusée, et le nombre des émigrans s’accrut rapidement. Cependant Samuel Houston, depuis son arrivée au Texas, avait groupé autour de lui tous les colons venus des états du sud : il répétait à qui voulait l’entendre qu’il avait confidence des vues particulières du président des États-Unis ; il était devenu le chef d’un parti qui s’accroissait de jour en jour. Le centre de ce parti était la ville de Brazoria, la plus rapprochée des bords de la mer ; là affluaient tous les possesseurs d’esclaves qui affectaient un souverain mépris pour les lois mexicaines, et qui, en violation de ces lois, permirent à deux négriers de débarquer et de vendre publiquement leurs cargaisons. Brazoria possédait la seule presse du Texas, elle fut employée à multiplier des circulaires, des pétitions, des libelles de toute sorte contre le gouvernement mexicain, et dès 1832 une première collision éclata entre les colons américains et le Mexique ; à partir de ce mouvement, l’agitation alla croissant jusqu’à la fin de 1835.

Pendant que Samuel Houston et Stephen Austin organisaient les émigrans anglo-américains et préparaient tout pour secouer au besoin le joug du Mexique, le général Jackson continuait ses démarches pour obtenir le Texas par des voies légitimes. Dès le début de son administration, il avait annoncé l’intention bien arrêtée de ne pas quitter le pouvoir sans procurer aux états du sud, qui l’avaient nommé, cette acquisition tant désirée. Il choisit comme envoyé à Mexico, à la place de M. Poinsett, un de ses confidens intimes, M. Anthony Butler, homme du sud et personnellement intéressé dans la question, puisqu’il avait acheté des lots de terre au Texas. Outre la correspondance diplomatique, il y eut entre le président et M. Butler un échange perpétuel de lettres particulières, qui toutes roulaient sur le Texas. La correspondance officielle a été soumise au sénat, et reproduite par les journaux américains ; malgré des suppressions et des altérations sans nombre, qui ont provoqué les plaintes de la presse américaine, il est facile de voir que l’acquisition du Texas était la grande affaire du président. Pendant près de sept années, il a multiplié les offres de toute nature, et toujours sans succès ; il a tour à tour employé la prière et la menace. Deux traités avaient été conclus presque simultanément entre le Mexique et les États-Unis ; l’un réglait les frontières des deux républiques, l’autre était un traité de commerce. On ne saurait