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plus que tout autre symptôme l’affaiblissement des constitutions, les maladies de poitrine comptent pour un tiers environ dans les décès.

J’ai comparé l’industrie de Birmingham à celle de Paris ; les mêmes analogies se font remarquer entre les populations des deux cités. Sans doute on chercherait vainement à les ramener à un type commun ; mais les habitans de Birmingham sont, par rapport à ceux de Manchester et de Glasgow, ce que sont les habitans de Paris par rapport à ceux de Lille et de Rouen. C’est la même supériorité dans les deux cas. Cependant l’ouvrier de Birmingham n’a pas, comme celui de Paris, ce goût inné et cette élégance personnelle que communique un commerce journalier avec les travaux de luxe, de mode et d’art. Il a l’air gauche et lourd sous sa longue blouse blanche qui traîne jusqu’aux talons. Pour compléter cet accoutrement d’un autre siècle, il porte volontiers des culottes courtes et des bas bleus. N’allez pas croire qu’il soit indifférent à une certaine prétention de toilette. Les femmes pâles et osseuses se drapent dans un schall fané ; les hommes, par une exception assez rare dans les villes de fabriques, ont souvent deux habillemens complets ; les marchands d’habits sont aussi nombreux dans la ville que les débitans de boissons. Même recherche dans le choix des alimens. Les ouvriers de Birmingham ne vivraient pas, comme ceux de Boston ou de Stockport, de pain, de lard et de pommes de terre ; il leur faut les meilleures viandes et les morceaux les plus délicats. Dans la semaine, ils se nourrissent de côtelettes et de beafsteaks ; le dimanche, ils se font servir les rôtis les plus succulens (best joints). Souvent le chef de la famille dîne à la taverne, pendant que sa femme et ses enfans, réunis autour d’un ragoût de pommes de terre, pâtissent de cet égoïsme sensuel. L’ouvrier, à Birmingham, ne s’enivre pas de quelque liqueur brutale telle que le genièvre ou le whiskey, il boit habituellement de la bière, et souvent des vins étrangers. Par exemple, et ceci achève de caractériser la race, son appétit n’est pas au niveau de sa sensualité : il faudrait, selon un témoignage officiel[1], deux repas comme le sien pour apaiser la faim d’un laboureur.

Ce goût du luxe et de la bonne chère, qui se manifeste à Birmingham, montre, que le travail y est plus productif que régulier, et que les hommes y jouissent habituellement d’une sorte de loisir. Dans la fabrique parisienne, les ouvriers, qui gagnent de 5 à 10 francs par jour, ne travaillent qu’un certain nombre de jours par semaine et qu’un certain nombre d’heures par jour. Dans les ateliers de Birmingham, la

  1. Children’s employment commission.