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Watt, établit, de concert avec lui, dans ses ateliers de Soho, la première fabrique de machines à vapeur. Cet établissement, fondé en 1773, eut pendant long-temps le privilège exclusif de fournir le nouveau moteur à l’industrie de l’Angleterre, et devint la source d’une fortune colossale pour ceux qui l’avaient créé. Aujourd’hui que chaque ville manufacturière compte plusieurs ateliers de construction, ceux de Soho conservent leur vieille réputation, et le fils de Watt s’honore de les diriger. Au reste, les propriétaires ne se bornent pas à construire les machines, ils les emploient. C’est dans l’établissement de Soho que se frappe, depuis l’année 1783, la monnaie de cuivre qui circule dans le royaume ; l’on y fabrique aussi des bronzes, du plaqué et de la vaisselle d’argent.

La situation de Birmingham commande cette variété dans ses industries. Tous les autres centres manufacturiers ont une destinée en quelque sorte maritime. Les fabriques de Manchester, de Leeds et de Glasgow, les forges de l’Écosse et du pays de Galles, les mines du Cornouailles et du comté de Durham touchent à la mer, et invitent par conséquent à l’exportation. Birmingham, placé au cœur de l’Angleterre, à une égale distance de la mer du Nord et de la mer d’Irlande, de la Tamise et de la Mersey, sur la limite qui sépare les comtés agricoles du sud et de l’est des comtés industriels du nord et de l’ouest, devait être un lieu d’échange, un entrepôt, un port intérieur. De là, l’infinie diversité de ses produits. Une industrie qui exporte peut se confiner deux ou trois genres, car la spécialité, dans le commerce extérieur, est la condition du succès. Dans le commerce intérieur, au contraire, comme il faut pourvoir aux mille besoins de la société, un article en entraîne un autre, et toute manufacture procède par voie d’assortiment.

Les avantages naturels de cette position se trouvent complétés depuis que, par l’établissement des chemins de fer, Birmingham marque le point d’intersection des deux grandes lignes qui vont de Liverpool ainsi que de Manchester à Londres, de Newcastle et de Hull à Bristol. Du centre où viennent aboutir ces rayons, il n’y a pas de points extrêmes que l’on ne puisse atteindre en trois, quatre, cinq ou six heures. Des canaux presque parallèles transportent les produits encombrans. Pourtant ce qui fait la principale richesse de Birmingham, ce sont les districts manufacturiers qui relèvent de cette grande cité : dans un rayon de trente lieues en allant vers le nord, se trouvent échelonnées les forges du Staffordshire, parmi lesquelles les seules usines de Bilston fournissent autant de fer que la Suède tout entière, et celles de Stourbridge, qui occupent cinq mille ouvriers ; les poteries de Burslem et