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UN FACTUM


CONTRE


ANDRÉ CHÉNIER.




…………… Offendet solido.
(HORACE.)


C’est la première attaque qui vienne depuis long-temps s’essayer contre cette pure et charmante gloire. Faut-il la laisser passer sans y prendre garde ? Il n’y aurait guère d’inconvénient au premier abord ; car l’article de M. Arnould Fremy, intitulé : André Chénier et les poètes grecs, qui a paru dans la Revue indépendante du 10 mai, ne semble pas destiné, quel qu’en puisse être le mérite, à exercer une vive séduction ni à obtenir un grand retentissement. La forme en est enveloppée et comme empêchée, la pensée en reste souvent obscure ; le critique a bonne envie d’attaquer, et il ne veut pas avoir l’air d’être hostile ; il proteste de son respect, et il multiplie les restrictions à mesure qu’il aggrave les offenses ; on dirait que, dans ce duel littéraire qu’il entreprend, il n’ose enfoncer sa pointe ni casser tout-à-fait le bouton de son fleuret. Nous le ferons pour lui ; nous chercherons à dégager nettement toute sa conclusion et à découvrir ce qu’elle vaut. Le critique se figurerait peut-être qu’on lui donne gain de cause, si