Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 6.djvu/753

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


Séparateur


14 mai 1844.


La saison est peu politique, et l’exhibition du palais des Champs-Elysées attire plus de curieux que les débats du Palais-Bourbon. Paris est livré à un mouvement de curiosité presque déréglée, et de tous les points du royaume on afflue dans cette vaste capitale, qui semble étaler avec bonheur ses pompeuses magnificences. Ce spectacle ne saurait être sans effet sur l’Europe, qui y assiste avec la France elle-même ; il constate et la sécurité profonde de cette société, et sa prospérité croissante, et ces progrès de tous les arts qui sont aussi des conquêtes. Si, au centre de Régent’s-Park, l’Angleterre réunissait un jour tous les produits de sa gigantesque industrie, ce lieu renfermerait sans doute des trésors à effrayer l’imagination ; mais pourrait-on bien se flatter à Londres de rivaliser avec l’éclat et l’élégance incomparables de notre exposition ? Ce bon goût, qui, dans l’industrie, s’élève presque jusqu’à l’art et semble le fruit natif de notre sol, assure à la France, dans la grande lutte du travail matériel engagée sur tous les points du globe, le maintien de la prépondérance qu’elle a conquise et qu’elle conservera, nous l’espérons, par des œuvres plus sérieuses et des inspirations plus élevées.

Au Luxembourg, la discussion sur l’enseignement secondaire se prolonge et absorbera une semaine encore. Après un débat mémorable, la chambre des pairs est entrée dans la partie administrative et réglementaire de la question ; elle y a porté ce sens politique qui la distingue, et le projet du gouvernement a reçu de la commission et de l’assemblée de notables améliorations. La part prise à cette discussion par M. le comte de Montalivet a été fort remarquée ; il y est intervenu avec une grande entente des faits et une