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D’après ce tableau, la recette annuelle des théâtres s’est augmentée d’une période à l’autre de 2,291,220 francs ; sur cette somme d’anciens théâtres, comme l’Opéra-Français, l’Opéra-Italien, le Cirque-Olympique, la Porte-Saint-Martin, ayant donné de l’extension à leurs entreprises par des dépenses considérables, ont forcément élevé le chiffre de leurs recettes. Ces anciens théâtres ont donc réalisé en plus, dans la seconde période, une somme de 1,107,201 fr. ; il n’est resté pour les nouvelles entreprises que 1,184,018 francs, soit un cinquième environ de la recette annuelle de 1807 à 1816, somme inférieure à celle qui était nécessaire pour soutenir trois théâtres secondaires. D’après cette donnée, trois théâtres au plus auraient pu être ajoutés au nombre fixé en 1807. Les concessions de priviléges faites au-delà de cette limite ont eu pour conséquence nécessaire de diminuer la recette de cinq des anciens théâtres, qui ont obtenu, en moyenne, 584,916 francs de moins par année.

Un autre calcul prouvera mieux encore que l’augmentation du nombre des théâtres n’a suivi ni les progrès de la population ni ceux de l’ensemble des recettes. Les 17 salles les plus spacieuses offrent chaque soir au public parisien 26,000 places à peu près. On a calculé approximativement que, pour couvrir les frais quotidiens de ces divers théâtres, évalués en masse à 8,200,000 francs, il faudrait placer chaque jour 11,000 billets. Si les 26,000 places étaient constamment occupées, les administrations dramatiques réaliseraient l’énorme bénéfice de 55 pour 100 sur la recette brute ; mais en retranchant de la population de Paris tous ceux qui, par mille causes diverses, volontaires ou forcées, ne vont jamais au spectacle, en prenant en considération la concurrence créée par d’autres établissemens, et la foule de curieux qui entrent sans bourse délier, on conçoit que les théâtres aient grand’peine à attirer chaque jour 11,000 spectateurs payans. Déduction faite des jours fériés, des suspensions accidentelles, des relâches, comme ceux de l’Opéra, qui ne joue que trois fois par semaine, et des Italiens, qui ne résident que six mois à Paris, on compte 340 jours de représentations par année : la recette moyenne de chaque jour, en y comprenant les subventions accordées par l’état, représente au plus 28,000 fr., réduits à moins de 26,000 après le prélèvement du onzième au profit

    proximation suffisante. — Il est à remarquer encore que depuis plusieurs années la progression s’est soutenue au-delà de 8 millions : en 1841, la recette des dix-neuf théâtres donna 8,629,177 francs. Les comptes récemment publiés de l’année dernière donnent seulement 8,170,000 francs.