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peintres paraissent, depuis quelques années, vouloir, comme les Allemands, s’essayer à la restitution de l’art chrétien. La sculpture est également un peu entrée, quoique plus difficilement, dans cette voie. Jusqu’ici, elle n’y a pas fait des pas aussi marqués et aussi saillans que la peinture. On conçoit aisément en effet que des artistes qui ont passé huit ou dix ans de leur jeunesse à copier l’Apollon, le Gladiateur et le Cincinnatus, soient un peu dépaysés lorsqu’ils se trouvent en face de la Vierge, d’un apôtre ou du Christ.

Tout ceci n’a d’autre but que d’épargner à deux artistes d’un talent incontestable, MM. Ottin et Husson, une critique directe des deux figures de Christ couronné d’épines (ecce homo), dont ils sembleraient s’être communiqué le projet, tant elles se ressemblent dans la pose, le geste, l’ajustement. Tout ce que nous y désapprouverions porterait à peu près uniquement sur le côté, pour ainsi dire, métaphysique de leur œuvre, et nous ne sommes pas plus disposés à faire de la métaphysique qu’ils ne le sont sans doute à en écouter. Sous le rapport purement sculptural de l’exécution, elles offrent toutes deux de belles parties et portent la marque d’études consciencieuses, d’un goût exercé et d’une main habile. Celle de M. Husson est même particulièrement remarquable par la disposition et le style des draperies, qui présentent de belles masses sans minutie ni lourdeur.

La Velléda, de M. Maindron, éveille une certaine curiosité. M. Maindron appartient au parti des novateurs ou de ceux qui voudraient l’être. Le contrecoup du mouvement opéré dans la peinture s’est fait, avons-nous dit, sentir également dans la sculpture. Là aussi on a tenté, quoique bien plus timidement, d’ouvrir à l’art des perspectives nouvelles. Malheureusement on a cru qu’il fallait, pour cela, transporter dans la sculpture les idées qui se faisaient jour dans la peinture. Mais, loin d’agrandir un art en le mettant à la suite d’un autre, on ne fait inévitablement que le fausser et le corrompre. Les conditions et les lois de la peinture et de la sculpture sont tellement différentes et indépendantes au fond, malgré quelques analogies superficielles, que dès que l’un de ces arts essaie, sous un prétexte quelconque, de se régler sur l’autre, il s’abâtardit. Cela s’est vu plus d’une fois. Dans la première moitié du XVIIIe siècle, la sculpture, fourvoyée par le Bernin, l’Algarde et leurs disciples, prit les allures de la peinture et prétendit rivaliser avec elle, sur son propre terrain, en singeant ses effets. À la fin de ce même siècle, un mouvement en sens inverse eut lieu. L’école de David subordonna la peinture à la sculpture. Aujourd’hui nous marchons peut-être vers une réaction directement opposée à la précédente. On com-