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LE SALON.

Le jury a voulu, à ce qu’il paraît, se venger, par une épigramme, de la petite insurrection que les artistes ont essayée contre lui l’an dernier. Il a reçu bon nombre de morceaux précédemment refusés, et a de plus grossi le chiffre du livret d’un millier environ des plus pitoyables toiles qui lui sont tombées sous la main. Le but de cette malice est probablement d’offrir au public un spécimen de ce que serait un salon soustrait à son inspection et à sa censure, espérant que l’effroi causé par le résultat de cette tolérance imposera désormais silence aux réclamations, et qu’on sera forcé d’implorer comme un bienfait la sévérité dont on avait eu la sotte indiscrétion de se plaindre. Dans cette supposition, le jury sans doute n’eût pas été fâché de s’entendre cette fois reprocher sa faiblesse, pour se donner le droit de faire tout à son aise de la rigueur. Il n’a pas eu, que nous sachions, et n’aura pas cette satisfaction. En fait, cette prétendue leçon porte à faux, et ne s’adresse à personne. On ne s’est jamais plaint précisément que le jury fût trop sévère ou qu’il ne le fût pas assez, bien qu’on eût le droit à certains égards de lui adresser ces deux reproches en apparence contradictoires. On s’est plaint surtout, et on devra se plaindre encore, de l’arbitraire de ses décisions, dont la dureté ou l’indulgence est également sans règle. Il n’importe guère