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LA SUÉDE


SOUS


CHARLES-JEAN XIV.





Au mois de juin 1837, visitant Stockholm pour la première fois, j’assistais dans le Diurgarden à une revue de troupes suédoises. Toute cette vaste et magnifique promenade du Diurgarden, bordée d’un côté par la mer, de l’autre par une rivière, traversée par de riantes collines, coupée par des lacs, parsemée de villas, de jardins, de bouquets de fleurs et de plus sauvages, était inondée d’une foule innombrable, riches patriciens circulant le long des allées en équipages splendides, femmes du monde étalant dans leurs landaus, dans leurs calèches découvertes, les frais chapeaux, les élégantes robes arrivées tout récemment de Paris ; jeunes gens à cheval caracolant aux portières ; graves et honnêtes professeurs poursuivant au bord des sentiers quelque savante théorie ; bons bourgeois portant sur leur figure cet air de béatitude placide et de candide curiosité qui caractérise, dans une fête populaire, les bourgeois de tous les pays. Au dedans, au dehors du parc, sur les galeries des maisons, dans l’enclos des jardins, tout était en mouvement. Des groupes d’artisans assis à la porte des cabarets, entonnaient à haute voix, le verre à la main, les chansons de Bellmann, ce joyeux poète du temps de Gustave III, qui