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SIMPLES ESSAIS D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.

odieux qu’il a créés formerait un musée assez vaste. On pouvait prévoir que les Mystères de Paris seraient bien partagés sous ce rapport ; ils le sont en effet, même au-delà de toute prévision ; les monstruosités y abondent, et, de quelque côté qu’on se tourne, on se trouve en présence de quelque face hideuse et satanique ; la Chouette et le Maître d’école sont la gloire du genre ; Bras-Rouge et Tortillard ne sont que sur la seconde ligne. À la vue de ces seuls noms, on devine dans quelles régions nous sommes. La critique, pour ne pas un peu rougir, a besoin de se rappeler que l’art ennoblit tout ce qu’il touche, et si c’est là une illusion qu’elle détruira une autre fois, elle y veut croire en ce moment. Ces divers types sont la cruauté et la perversité poussées à leurs dernières limites ; je ne connais pas de spectacle plus affligeant. Voir un enfant comme Tortillard, dont le cœur est un abîme de méchancetés inouies, une vieille femme comme la Chouette, qui se repaît voluptueusement de toutes les souffrances qu’elle cause, et savoure un crime comme on savoure une bonne action, voir sous toutes les faces ce qu’il y a de plus vil, de plus bas, de plus cruel, attriste l’imagination et soulève le cœur. Or, dans les Mystères de Paris, c’est ce spectacle qu’on a toujours sous les yeux ; lorsque le Maître d’école n’est pas sur la scène, il est remplacé par le Squelette, autre terrible brigand, et le Squelette, à son tour, cède la place aux Martial, famille d’Atrides. Lorsque le théâtre a changé, et que disparaissent pour un moment les misérables qu’a flétris la justice sociale, alors arrivent les misérables que le monde honore, et entre autres les grandes dames qui empoisonnent leurs maris, aidées de leurs médecins. Les vols, les assassinats, se succèdent presque sans interruption ; la guillotine même est dressée dans un coin du livre. Une odeur de sang s’exhale en maint endroit, et l’horrible, en un mot, coule à pleins bords. Il n’y a qu’un moyen pour l’artiste de mériter son pardon en pareil cas, c’est de s’élever jusqu’à la poésie de la terreur ; malheureusement M. Sue n’atteint pas si haut.

Parlerai-je du notaire Ferrand ? C’est toucher à une plaie vive, c’est mettre le fer dans l’ulcère. Cet épisode de Ferrand et de Cécily laisse voir le fond du système et découvre tout un ordre de pensées qu’on s’efforçait d’entourer de voiles. On a été trop loin, on s’est trahi, et ceux qui ont des yeux peuvent voir. Que veut-on au lecteur avec de tels tableaux ? Le philosophe qui prouve, le moraliste qui enseigne, le philanthrope qui se dévoue, en quoi peuvent-ils avoir besoin de salir l’imagination pour arriver à leur but ? Vous êtes pris en flagrant délit ; vos habiles précautions oratoires ne trompent pas le juge,