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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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29 février 1844.


La chambre des députés n’a pas pris en considération la proposition de M. de Rémusat, et le cabinet peut, sous ce rapport, se féliciter d’un succès qui a été, du reste, bien chèrement acheté. Le refus d’autoriser la lecture, prononcé par six bureaux, constatait sur cette question spéciale, il faut bien le dire, une majorité non équivoque. Cependant l’abstention volontaire d’un assez grand nombre de conservateurs et le retour à leur poste de beaucoup de députés de l’opposition en ont fort amoindri le chiffre à l’instant décisif, et un débat des plus regrettables s’est élevé sur l’appréciation faite par le bureau du vote de la chambre. Personne assurément n’a songé à mettre en doute l’entière bonne foi des hommes honorables qui le composent mais on a pu penser que, du moment où un résultat tout différent était indiqué par l’un des secrétaires, il eût été convenable d’accorder une seconde épreuve aux réclamations de l’opposition, surtout lorsque celle-ci ne se trouve représentée au bureau que par un seul membre, contrairement aux usages parlementaires.

L’autorisation de lecture accordée peu de jours après à une proposition tendant à substituer le vote par division au vote par assis et levé est venue donner plus de gravité à cette controverse malheureuse. Nous verrions avec plaisir la chambre accueillir cette pensée par une prise en considération. On peut douter toutefois qu’elle s’engage jusque-là. Le mode que M. Combarel de Leyval propose d’emprunter aux habitudes du parlement britannique offre des inconvéniens assez graves dans la pratique. La division est une opération d’une extrême lenteur, et dont l’exactitude, quant aux résultats numériques, a été assez fréquemment contestée. Il y a à cet égard des exemples historiques fort éclatans. Elle exerce d’ailleurs, par la solennité même de l’épreuve qu’impose l’obligation d’aller se réunir de sa personne à ses adversaires habituels, un effet d’intimidation qui laisserait peu de liberté aux