Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 5.djvu/896

Cette page a été validée par deux contributeurs.



THÉÂTRE-FRANÇAIS.

REPRISE DE DON SANCHE D’ARAGON.

La Comédie-Française prouve à merveille, à notre avis, qu’elle comprend ses devoirs envers l’art et le public, en déroulant comme elle fait, et en exposant aux regards des connaisseurs et de la jeunesse, les belles toiles de son ancien répertoire depuis long-temps laissées dans l’ombre. Après la gracieuse et poétique apparition de Bérénice, voici venir l’imbroglio héroïque de Don Sanche d’Aragon, cette curieuse tragédie de cape et d’épée, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans laquelle l’auteur de Cinna, de Polyeucte et de Rodogune, s’est plu, suivant l’heureuse expression que lui-même nous fournit, « à chausser le cothurne un peu plus bas, » et à reprendre, par délassement ou souvenirs de jeunesse, l’allure et l’accent chevaleresques qui lui avaient valu tant d’applaudissemens dans le Cid[1]. Pour notre part, nous

  1. Voltaire a dit à propos du sujet de Don Sanche d’Aragon : « Pourquoi Corneille choisit-il un roman espagnol, une comédie espagnole pour son modèle, au