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L’ÎLE DE RHODES.

Nous venions d’arriver devant Rhodes, en vue d’un rivage doré par les rayons d’un splendide soleil. Au nord, entre des palmiers et des coupoles turques surmontées du croissant, flottaient les pavillons des consuls ; dans le sud s’étendait la ville, perdue tout entière parmi les cyprès, les dattiers, et dominée par une colline verdoyante. La frégate la Perle mouilla devant la tour qui s’élève à l’extrémité de la jetée. Bientôt une barque se détacha de terre, elle nous amenait deux Européens : l’un, M. Drovetti, gérait le consulat de France ; l’autre, M. Gandon, était officier de la santé. Celui-ci demanda d’où venait la frégate ; à la réponse qui lui fut faite que le bâtiment quittait Smyrne, il donna la libre pratique, et M. Drovetti offrit de nous diriger à travers la ville. Une heure plus tard, montés dans un canot, nous voguions rapidement vers le môle.

Le grand port, de forme carrée, est fermé du côté de la terre par de hautes murailles ; la jetée, avec une batterie de canons, le protége du côté de la mer ; l’ouverture est défendue par une tour surmontée de petits clochetons et d’une guette où se plaçait autrefois la sentinelle. Rien de plus gracieux, de plus svelte et de plus fort cependant que cette construction, où se confond la rude architecture gothique avec l’élégance sarrasine. Cette tour nous rappelait un souvenir d’héroïsme chevaleresque : c’est là que, le jour de Noël 1522, quand Rhodes