Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 5.djvu/79

Cette page a été validée par deux contributeurs.



SIMPLES ESSAIS


D’HISTOIRE LITTÉRAIRE.

IV.
LE ROMAN PHILANTHROPE ET MORALISTE.
LES MYSTÈRES DE PARIS.

Il n’est pas d’époque qui se soit mieux prêtée que la nôtre au développement de ce genre de littérature qu’on appelle le roman, et qui ait ouvert une plus large voie à sa fortune. C’est qu’en effet, dans un siècle où l’on s’efforce de vivre, au lieu de se laisser vivre, la vie étant devenue la plus grosse affaire, l’égoïsme, naturellement curieux, s’intéresse à l’existence des autres, qui peut influer sur la sienne, comme au train du monde où il est plus ou moins acteur, et cherche autour de lui, au-dessus de lui, dans le passé, partout, les points de comparaison avec lui-même et les différences, pour s’accommoder le plus possible de ses découvertes. Ce qu’on doit aimer alors en littérature, plus encore peut-être que l’histoire, qui est le tableau de la vie publique, c’est le roman, qui est le tableau de la vie privée. Lorsqu’une agitation immense s’est emparée d’une société entière, et que, les vieilles barrière enlevées, le champ ouvert à tous, il y a, jusque dans