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LA POÉSIE
SYMBOLIQUE ET SOCIALISTE.

ODES ET POÈMES, par M. V. de Laprade.

Montesquieu accusait la poésie d’accabler la raison sous les agrémens, et cela dans un temps assez rapproché de Corneille, où l’on rencontrait encore des contemporains de Racine, de La Fontaine et de Molière. Pour se donner le malin plaisir de blesser quelques vanités poétiques qui s’épanouissaient autour de lui, et comme il y en a partout où l’on fait des vers, le spirituel président oubliait Cinna, Athalie, le Chêne et le Roseau, le Misanthrope, tous ces immortels chefs-d’œuvre, nés de la veille, qui n’étaient autre chose que le sublime du bon sens, la poésie de la raison. Bien plus, il fermait obstinément l’oreille aux mille échos bruyans qui répétaient à l’envi les vers si raisonnables de Voltaire. L’accusation de Montesquieu ne venait donc pas à propos ; ce n’est pas au sortir du XVIIe siècle, de cet âge par excellence de la haute imagination unie au profond bon sens, et en présence de cette poésie philosophique, à laquelle on doit précisé-