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direction de son axe est égal à celui que donneraient 4,000 becs de gaz réunis.

Les lentilles que nous venons de décrire ne sont applicables qu’à des feux tournans, et sous ce rapport elles ressemblent aux miroirs paraboliques ; mais un des grands avantages du système nouveau est de pouvoir être également employé pour les feux fixes. Il suffit, pour cela, de métamorphoser la lentille en un anneau renflé dans son milieu puis de placer au-dessus et au-dessous un nombre suffisant de prismes analogues à ceux dont nous avons parlé plus haut. De cette manière, la lumière est lancée à la fois vers tous les points de l’horizon ; seulement, au lieu d’être réunie en cylindre, elle forme une espèce de nappe horizontale. On comprend dès-lors que les phares à feu fixe ne sauraient avoir autant de portée que les phares à feu tournant. En effet, dans les deux appareils, la lampe est entourée par un anneau de verre de même hauteur, qui reçoit dans les deux cas à peu près la même quantité de lumière. Or, tandis que dans les phares à éclipses cette lumière est concentrée par les lentilles dans huit ou dans seize directions seulement, dans les phares à feu fixe elle se répand en liberté sur tous les points du cercle, et, éclairant une surface bien plus grande, elle s’affaiblit d’autant.

La lampe placée au centre d’un appareil fixe ou mobile envoie des rayons en tout sens ; par conséquent, une grande partie passe au-dessus et au-dessous des lentilles. Pour éviter cette perte, Fresnel avait proposé de les recueillir sur des prismes réflecteurs qui ont la propriété de ne détruire qu’une faible quantité de la lumière qui les traverse. Cette idée a été appliquée, en effet, aux phares de petite dimension ; mais on avait jusqu’à présent regardé comme impossible de travailler des prismes courbes d’une dimension suffisante pour pouvoir servir aux phares de premier rang. On remplaçait ces prismes par un système de glaces étamées concaves, disposées par zones horizontales au-dessus et au-dessous de l’appareil. Or, nous avons vu plus haut que la moitié de la lumière se trouve détruite par ce mode de réflexion ; il était donc vivement à désirer que les anneaux prismatiques fussent exécutés sur une grande échelle. Un artiste de Paris vient de résoudre ce problème, regardé jusqu’à lui comme insoluble. Dans une des dernières séances de l’Académie des Sciences, M. François jeune a présenté un des huit fuseaux qui, par leur réunion, formeront la coupole réfléchissante du phare de Sherivore en Écosse, et qui sera construite entièrement d’après les idées de Fresnel. On comprendra toute l’im-