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L’INDE ANGLAISE.

cide exclusivement et en dernier ressort de la paix et de la guerre, des traités et des négociations avec tous les princes et gouvernemens de l’Inde, ou avec tous les autres princes et gouvernemens quelconques, ou sur la politique à observer avec tous ces princes et gouvernemens ; en un mot, de toutes matières qui demandent le silence et le secret. » À ce conseil s’ajoute le bureau du contrôle par lequel la couronne se réserve de prendre part aux délibérations et de surveiller la politique du gouvernement suprême des Indes. Ce bureau est censé recevoir la première communication de toutes les questions à examiner ; nous disons censé, parce que le contraire a presque toujours lieu. « Ce système, dit M. de Warren, a pour but de produire un accord et une harmonie apparens dans le jeu de ce gouvernement à deux têtes, et dégage la cour des directeurs comme aussi le bureau du contrôle de leur responsabilité respective devant la loi ; ce qui leur importe plus encore, il les dégage de leur responsabilité devant le public, qui reste tout-à-fait dans l’ignorance de la manière de voir de chacune des autorités directrices, et ne sait par conséquent à qui attribuer le blâme des mauvais résultats qui peuvent suivre. »

La charte de 1833 a défini d’une façon plus précise la position du conseil des directeurs vis-à-vis du bureau de contrôle. Le gouverneur-général, nommé en réalité par le souverain sur la présentation des directeurs, n’en jouit pas moins d’une immense étendue de pouvoirs ; les attaques très vives auxquelles il est si souvent en butte de la part des journaux de l’Inde prouvent combien est grande la responsabilité qui pèse sur lui.

Le système suivi par la compagnie pour se substituer peu à peu aux princes indigènes, le plus habituellement sans avoir recours a la force, est aussi simple « que régulier dans son cours et certain dans ses résultats. » Prêter l’appui de ses troupes aux radjas contre la turbulence de ses propres sujets ou les invasions de l’étranger, augmenter ces subsides à mesure que la mauvaise administration des souverains semble les rendre plus nécessaires ; avoir bientôt en main toute la force militaire de l’état protégé ; se faire céder à la fin, pour acquitter la solde toujours arriérée des troupes, une partie du territoire ou une partie du pouvoir civil : ceci équivaut à avancer à un prodigue tout l’argent qu’il dépense en folies, pour rester un jour maître de son patrimoine. À ce mode d’usurpation déjà peu honorable, on peut en ajouter un autre, auquel la compagnie a recours fréquemment pour dissoudre la puissance trop compacte d’un état voisin : c’est de tenir à sa portée un prétendant dont elle fait valoir les droits à tout propos,