Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 5.djvu/489

Cette page a été validée par deux contributeurs.
485
DU MOUVEMEMENT CATHOLIQUE.

l’Ouest, se publient dans les Côtes-du-Nord, l’un à Dinan, l’autre à Saint-Brieuc. L’impartial, qui est très ardemment hostile, a moins d’influence et d’abonnés que le Français de l’Ouest, qui apporte beaucoup plus de réserve et de bonne foi dans la polémique. Il en est de même à Nantes : l’Hermine, qui est d’une couleur fortement prononcée, voit chaque jour ses abonnés passer à l’Ouest monarchique, dont le légitimisme est beaucoup plus modéré. L’Impartial, le Français de l’Ouest, l’Hermine et l’Ouest monarchique émettent environ treize cents numéros. Il faut ajouter la Revue de l’Armorique, recueil mensuel, qui a la prétention de représenter le catholique breton, mais qui ne représente en réalité que les idées excentriques, le légitimisme anti-universitaire, l’érudition anti-philosophique et le style armoricain de M. de Courson, qui en est le principal rédacteur.

Dans la région de l’est, Lyon a le Réparateur, l’Union des Provinces, l’Institut Catholique, revue mensuelle, ainsi que les Annales de la propagation de la foi, dont nous avons parlé plus haut, et qui sont tout-à-fait en dehors de toute polémique irritante. L’Union et le Réparateur n’ont aucune influence. Le Réparateur s’est rangé sous le drapeau de la Quotidienne, et par là il se trouve en guerre continuelle avec l’Union, qui a adopté le programme de la Gazette ; les deux adversaires ont été cependant d’accord sur quelques points, comme par exemple quand il s’est agi d’attaquer M. l’abbé Pavy, doyen de la faculté de théologie, ou M. le cardinal de Bonald, à l’occasion de la réception qu’il avait faite à M. le duc de Nemours. L’institut Catholique, qui compte plusieurs ecclésiastiques parmi ses rédacteurs, est avant tout un recueil littéraire qui ne dépasse guère le modeste niveau des mémoires d’une académie de province. La Gazette de Lorraine et de Metz, rédigée par M. de Puymaigre, est franchement légitimiste, mais sur une meilleure voie que la plupart des organes du même parti. La Gazette de Lorraine s’est prononcée contre la Gazette de France. Son influence est restreinte, mais honorable. L’Espérance, courrier de Nancy, proteste de son dévouement à la cause de l’ordre, de sa soumission franche au pouvoir établi ; elle est catholique avec ardeur, mais tolérante. La Revue de l’Est est à peu près de la même nuance. Quant à l’Abeille, journal hebdomadaire de Strasbourg, ce n’est qu’un écho de l’Univers. Cette feuille, rédigée par un ecclésiastique, a souvent de ces colères qui ne raisonnent pas, qui ne pèsent pas les mots, et qui vont jusqu’à l’insulte et à la dénonciation. Rien n’égale sa haine contre l’Université, si ce n’est son fanatisme contre les protestans, et cette irritation n’est pas sans danger dans les localités où deux cultes sont en présence. Les protestans de leur côté, tout en prêchant la tolérance, ne joignent pas toujours l’exemple au précepte : dans les deux camps, les croyances sont agressives, et c’est une singulière lutte que celle de ces deux cultes, étrangement abusés parfois, qui tour à tour s’attaquent avec des chants de triomphe, en déclarant, du côté des catholiques, que le protestantisme se meurt, et qu’il va disparaître : du côté des protestans, que le catholicisme