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DU MOUVEMEMENT CATHOLIQUE.

Nous n’avons pas compris dans ce tableau quelques autres recueils qui restent généralement en dehors du mouvement des idées et de la polémique, ou qui se renferment dans des spécialités, comme le Presbytère, véritables petites affiches des visites diocésaines, des ordinations et des cérémonies pieuses, le Journal des Conseils de Fabrique, consacré surtout aux questions de droit relatives à l’administration temporelle des paroisses, etc. Nous laissons également de côté la Revue Ecclésiastique, organe du jansénisme parisien, qui proteste vivement contre la réaction ultra-catholique.

La cause des croyances sérieuses n’est ni plus heureusement ni plus impartialement défendue dans la province, et là, comme à Paris, les journaux qui se proclament les soutiens du catholicisme appartiennent, à de très rares exceptions près, à l’opinion légitimiste. Après la révolution de juillet, on le sait, le parti vaincu, essayant de relever son drapeau, avait ouvert dans chacun des principaux centres des anciennes provinces une tribune pour défendre ses opinions et disposer les esprits à la réalisation de ses espérances ; mais la nouvelle restauration fut indéfiniment ajournée : le parti légitimiste se partagea en deux grandes fractions, l’une passive, peu sympathique sans doute à la dynastie régnante, mais composée avant tout d’hommes d’ordre et de conservation, qui désertèrent les champs de bataille et se bornèrent à attendre et à espérer ; l’autre, active et militante. C’est cette dernière fraction qui soutient aujourd’hui de sa bourse dans la province les journaux catholico-légitimistes restés sur la brèche. Il est évident néanmoins que la lutte stérile des treize dernières année l’a considérablement lassée, et qu’elle perd chaque jour du terrain. Les organes les plus ardens qu’elle avait fondés n’ont pu se soutenir, et on a vu successivement disparaître les Gazettes de Normandie, de Bretagne, du Maine, du Rouergue, du Quercy, le Mémorial Angevin, la Gazette de Bourgogne, la Gazette de Lorraine, le Journal du Bourbonnais, et quelques autres encore. Le contre-coup de la scission opérée par la Gazette s’est fait vivement sentir dans la province ; la plupart des feuilles des départemens ont reproduit tous les accidens des guerres intestines du parti, et ces divisions sont devenues pour ces feuilles une cause active d’affaiblissement.

Aujourd’hui, sur les deux cents journaux politiques des départemens, le parti catholico-légitimiste en compte une vingtaine environ. En voici d’abord la statistique géographique. — Région du midi : Rhône, Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Hérault, Vaucluse, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Gironde, 9 journaux. — Région de l’est : Doubs, Meurthe, Meuse, Moselle, Bas-Rhin, 5 journaux. — Région du centre : Cher, Loiret, Puy-de-Dôme, 3. — Région de l’ouest : Côtes-du-Nord, Loire-Inférieure, 4. — Région du nord : Somme et Nord, 4.

Au premier rang, dans la région du midi, se place à Marseille la Gazette du Midi, qui est en guerre ouverte avec la Gazette de France. Ce journal, qui paraît six fois par semaine, apporte dans la polémique religieuse une grande vivacité. Il cherche à enrager les évêques dans une résistance col-