commercial était naguère de plus de trente millions de francs[1] ; malgré son éloignement de nos côtes, elle entretient avec la France des relations multipliées, journalières. Ce qu’elle a perdu de son importance en survivant pour ainsi dire à nos désastres au-delà du Cap, ne doit-elle pas le regagner à nos yeux, en se montrant comme l’unique point dans ces mers où nous ayons des troupes blanches, l’unique lieu où nous soyons chez nous ? Si les anciens travaux du port ordonnés par Labourdonnais ont disparu aux premiers ras-de-marée, si la digue, construite à force d’argent, renversée à son tour avec les navires qu’elle devait protéger, n’offre désormais qu’un danger de plus aux approches des terres, ne trouvera-t-on pas de nos jours le moyen de disposer aux abords d’une crique, dans une anse, derrière un promontoire, un abri quelconque où les marins ne soient pas livrés sans défense aux ouragans ? Est-il convenable que nos navires de guerre soient réduits dans la saison mauvaise, ou par suite d’avaries, à se réfugier au cap de Bonne-Espérance, ou à demander asile à ceux qui sont maîtres aujourd’hui de l’île de France ? Après avoir été une annexe de Madagascar, de cette grande terre à laquelle elle emprunte encore des bestiaux et du riz, la petite île, au pis-aller, ne pourra-t-elle à son tour profiter de quelque port sur cette côte, qui soit comme une dépendance de la colonie ? Faudra-t-il là-dessus demander conseil aux Anglais, qui, après avoir renoncé depuis long-temps à toutes leurs prétentions sur le pays des Hovas et des Séclaves, songent de nouveau à s’établir au fond de la belle rade de Diégo-Suarez !
- ↑ La moyenne du mouvement commercial dans les dix dernières années donne les chiffres suivans :
Importation dans la colonie
13,268,481 francs Exportation de la colonie17,409,213 francs Total30,678,213 francs