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du Guasacoalco, a une largeur de 220 kilomètres. Les lagunes communiquant avec la mer, qui sont à l’est de Tehuantepec l’une derrière l’autre, réduiraient cette distance d’au moins 21 kilomètres.

Le Guasacoalco offre à sa barre 4 mètres d’eau pour le moins (d’autres observateurs ont dit davantage). Il est même arrivé qu’un vaisseau de ligne espagnol, l’Asia, poursuivi par la tempête, ait pu, il n’y a pas long-temps, entrer dans le fleuve[1]. La barre est fixe et courte. Une fois la barre franchie, on trouve une profondeur suffisante pour les bâtimens de mer jusqu’à une dizaine de lieues. Il serait facile de le rendre navigable en tout temps pour de grands bateaux de rivière jusqu’au confluent du Saravia, qui est à moitié de l’espace entre les deux océans[2]. Il y a lieu de croire qu’on devrait creuser un canal latéral à partir de Piedra Blanca (ou Peña Blanca), en remontant jusqu’au Saravia ; c’est un espace de 55 kilomètres en ligne droite. Le sol, principalement formé d’une argile aisée à entamer, s’y prêterait. Entre ces deux points, le cours du fleuve est très sinueux, et un canal latéral raccourcirait le trajet de moitié. À la rigueur, cependant, une navigation permanente serait possible dans le lit du fleuve, presque partout, non-seulement jusqu’au Saravia, mais jusqu’au Malpasso. Au-dessus, un canal tout artificiel serait indispensable.

La crête du versant des eaux, fort abaissée dans l’isthme, est d’ailleurs bien plus voisine du Pacifique que de l’Atlantique. Au sud de la Chivela, on trouve un col qui n’est qu’à 251 mètres au-dessus de la mer. Le col de Saint-Michel de Chimalapa est à 393 mètres. L’art de l’ingénieur saurait faire franchir des élévations pareilles à un canal. La hauteur des montagnes ne présenterait donc pas au passage d’un canal des deux océans un obstacle insurmontable, à la condition

    tement déterminée. Nos calculs ont été corrigés par les observations que nous avons faites plus tard à Tehuantepec.

    « Cette unique ressource, nous eûmes le malheur d’en être privés dans une nouvelle excursion que nous avions entreprise ; notre baromètre se brisa en sortant de Tehuantepec, et nous fûmes obligés de tout abandonner. » (Extrait du rapport de don Juan Orbegoso.)

  1. Pour le faire sortir, il fallut l’alléger de son artillerie. Un vaisseau de ligne tirant de 7 à 8 mètres d’eau, il faut qu’il trouve sur la barre d’un fleuve une profondeur d’eau de 9 à 10 mètres.
  2. La latitude de l’embouchure du Guasacoalco est de 18 degrés 8 minutes ; celle de la côte près de Tehuantepec est de 16 degrés 11 minutes ; celle de l’embarcadère du Saravia sur le Guasacoalco est de 12 degrés 12 minutes, et les trois points sont à peu près sur le même méridien.