que l’Espagne semblait vouloir, sous Charles III, sortir de sa léthargie, on se remit à parler vivement d’une communication navigable au Mexique par ce même isthme de Tehuantepec, et dans le royaume de Guatimala, par le lac de Nicaragua ; mais il ne se fit, de part et d’autre, que des études sommaires et défectueuses, puis cette étincelle de zèle disparut. Autour du lac de Nicaragua, tout resta comme par le passé. Si dans l’isthme de Tehuantepec, en 1798, on ouvrit une route de terre de 140 kilomètres, de la ville de Tehuantepec au confluent du Saravia avec le Guasacoalco, cette route était si mauvaise, et de nombreux changemens de véhicules jusqu’à la Vera-Cruz y gênaient tellement le commerce, que vers 1804 on voyait souvent, ce qui doit subsister encore aujourd’hui, les marchandises aller de Tehuantepec à la Vera-Cruz, par la direction de Oaxaca, à dos de mulet. Pendant le cours de la guerre entre Napoléon et l’Angleterre, tant que l’Espagne fut l’alliée de la France, l’indigo de Guatimala, le plus précieux des indigos connus, vint par cette dernière voie au port de la Vera-Cruz, et de là en Europe. Le prix du transport était de 30 piastres par charge (de 138 kilogrammes,) et les muletiers employaient trois mois pour faire un trajet qui en ligne droite est de 320 kilomètres. Pour prendre nos mesures françaises, c’était sur le pied de 3 fr. 40 c. pour 1,000 kilogrammes et pour chaque kilomètre de la distance à vol d’oiseau. Par la route de Tehuantepec à l’embarcadère du Saravia, si elle eût été en bon état, et par le Guasacoalco, la dépense eût été réduite des trois quarts au moins en argent et en temps. Sur un canal en bon entretien, les prix de transport, avec un droit de péage, varient de 5 à 10 centimes habituellement par 1,000 kilogrammes et par kilomètre parcouru, et en France le roulage ordinaire se contente de 20 à 25 centimes.
Au XVIIe et au XVIIIe siècle, l’Espagne avait besoin d’un bon service de transports dans l’isthme de Panama. Les trésors du Pérou s’expédiaient en Europe par la voie de Panama, et se rendaient, au travers de l’isthme, de Panama à Porto-Belo, d’où les galions les emportaient. Cependant, entre Panama et Porto-Belo, il n’y eut jamais qu’une détestable route. Quelquefois on envoyait des marchandises d’Europe à Panama en les faisant arriver à Chagres, d’où elles remontaient en bateau jusqu’à Cruces. De Cruces à Panama, elles allaient à dos de mulet sans qu’il y eût seulement un sentier entretenu à cet effet. C’était par là pourtant que s’achemi-