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ÉTUDES
SUR L’ANGLETERRE.

IV.
MANCHESTER.

La tradition des premiers temps de la conquête porte que Guillaume, après avoir ravagé et soumis les contrées situées au nord de l’Humber, voulut ranger à son obéissance la région voisine de Chester, la seule qui ne reconnût pas encore la nouvelle domination. On était au cœur de l’hiver, et l’armée normande rassemblée à York avait à traverser, par des chemins impraticables pour cette pesante cavalerie[1], la chaîne de montagnes qui s’étend du sud au nord dans toute la longueur de l’Angleterre, qui en est comme l’épine dorsale (Backbone), et qui, semblable à l’Apennin en Italie, partage les eaux entre l’est et l’ouest. L’arête de cette chaîne une fois franchie, l’on entrait dans une contrée à demi sauvage, coupée par de nombreux torrens qui inon-

  1. Histoire de la Conquête de l’Angleterre par les Normands, liv. IV.