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REVUE DES DEUX MONDES.
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Il est à noter que les livres de prières à l’usage du culte ne sont pas compris dans ce chiffre déjà si élevé, et qui donne par les tirages à grand nombre une masse d’exemplaires beaucoup plus considérable que les autres branches de la librairie, à l’exception toutefois de la librairie universitaire. À part l’empressement du public religieux et la modicité des prix, cette remarquable propagation s’explique par le patronage constant du clergé. Ainsi il exige dans plusieurs séminaires de véritables boutiques (c’est le mot dont on se sert pour désigner ces sortes de dépôts), destinées à approvisionner le diocèse. Les annonces sont affichées sous le portail des églises, quelquefois même on fait la vente dans les sacristies ; on joint au volume quelque prière emportant indulgence, et au besoin des distributions gratuites sont faites à titre d’aumônes spirituelles. Certaines congrégations s’occupent même activement des placemens de la librairie religieuse ; c’est ainsi que parmi les frères de Saint Augustin qui ont leur principal établissement à Avignon on trouve, à côté des frères solitaires et des hospitaliers, les missionnaires propagateurs des bons livres.

Les arts, comme la littérature ont subi l’influence du prosélytisme. La peinture, après avoir épuisé l’élément païen, a demandé au christianisme, et quelquefois sans trop le comprendre, des inspirations nouvelles. Les nombreux travaux exécutés dans les églises favorisaient d’ailleurs, par un côté positif, cette tendance des esprits, et, sans que les artistes en soient peut-être pour cela plus catholiques, le nombre des sujets religieux s’est considérablement accru dans ces dernières années. En 1833, le chiffre des peintures pieuses exposées au salon, et pouvant figurer dans les églises, était de vingt seulement ; il s’est élevé en 1838 à quatre-vingt-six, et à cent soixante-un en 1842. Dans l’architecture, la réaction a été plus sensible encore, et du moins profitable à l’art même. L’iconographie chrétienne, appliquée à la conservation des monumens, s’est constituée de nos jours comme une science toute nouvelle. Des cours d’archéologie religieuse ont été ouverts dans les séminaires, et la dévotion s’est éveillée de toutes parts pour les reliques de pierre, comme on dit, qui sont les seuls poèmes complets et achevés que nous ait légués le moyen-âge. À défaut d’une inspiration originale et d’une foi suffisante pour les grandes créations, on a reproduit textuellement les compositions du passé. C’est un progrès néanmoins ; puisqu’il s’agit de christianisme mieux vaut la copie ogivale que le pastiche païen. On a vu même dans la construction des églises, les choses se passer exactement comme au