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WHITE-CHAPEL.

Une seule fois, le parlement a paru s’émouvoir de honte et de pitié à l’aspect de tant de misères. Il a voté près de deux millions de francs, destinés à l’acquisition de terrains vagues situés à l’est de la ville, dont on veut faire un parc à l’usage de ces districts populeux. Voilà sans doute une amélioration importante. Le parc Vittoria doit avoir une étendue d’environ 150 hectares, ou trois fois la surface du dock de Londres, et le dixième de celle que couvrent les parcs du West-End. Ce sera un lieu de récréation et de repos où les ouvriers pourront se réunir le dimanche, et respirer, au moins une fois par semaine, un air qui n’aura pas été corrompu par l’odeur des ruisseaux. Ils y enverront aussi leurs enfans, qui n’ont aujourd’hui pour tout champ d’exercice que des cours fétides renfermées entre quatre murs, et qui apprendront du moins à connaître les arbres et le soleil. Mais qu’est-ce qu’un jardin, dont les ombrages mettront vingt années à croître, pour dissiper les miasmes qui s’élaborent à toute heure du jour et de la nuit dans cet immense amas de maisons ?

Le docteur Smith propose, dans son rapport, deux expédiens qui auraient certainement pour effet d’assainir le district de White-Chapel. L’un est une mesure de police, et l’autre une question d’argent.

Le docteur Smith demande qu’on ne puisse construire désormais aucune maison sans établir, sur l’emplacement qu’elle devra occuper, des conduits ou embranchemens souterrains qui se lient au système général des égouts. Pour compléter le bienfait de cette prescription, les propriétaires devraient être tenus d’opérer dans les maisons déjà construites les emménagemens nécessaires pour en diminuer l’insalubrité. Il faudrait imposer en outre aux autorités locales l’obligation de faire enlever tous les jours les immondices qui obstruent la voie publique. Enfin tous les bâtimens qui interceptent la circulation de l’air devraient être démolis d’urgence moyennant une indemnité.

La seconde recommandation du docteur Smith n’est, à proprement parler, qu’une apostille ajoutée à la pétition des habitans de Bethnal, qui sont en instance, depuis six années entières, auprès du parlement, pour obtenir que les améliorations projetées dans l’intérieur de Londres s’étendent aux quartiers insalubres de l’est. Ils sollicitent l’ouverture de trois grandes rues, dont les deux premières traverseraient le plus épais de Bethnal-Green et de White-Chapel du midi au nord, en faisant communiquer les abords est et ouest