Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/882

Cette page a été validée par deux contributeurs.
876
REVUE DES DEUX MONDES.

bien que lord Palmerston et M. Macaulay eux-mêmes votassent avec le cabinet, M. Duncombe et ses amis usèrent des formes de la chambre pour empêcher le vote deux ou trois fois de suite. Il fallut pourtant qu’ils cédassent à la fin et le ministère obtint ses vétérans.

7o Un bill proposé par lord Brougham et qui interdit, sous les peines les plus sévères, aux capitaux anglais toute coopération à la traite des noirs.

Enfin le ministère laissa passer, bien qu’en l’amendant fortement, un bill proposé par lord Campbell et qui tendait à introduire un peu d’ordre et de logique dans la vieille législation du libelle. Tel qu’il est, ce bill passe encore pour un des meilleurs fruits de la session mais les whigs font remarquer avec orgueil qu’il leur appartient, et que le ministère n’a fait que le mutiler.

En présence d’échecs si graves et de succès si insignifians, il n’est pas étonnant que les whigs relèvent la tête, et qu’ils rappellent avec affectation d’une part les revues annuelles de lord Lyndhurst sous le ministère Melbourne, de l’autre les promesses de sir Robert Peel lorsqu’il arriva au pouvoir. On sait que sous le ministère Melbourne lord Lyndhurst ne manquait jamais, à la fin de la session, de disséquer d’une main impitoyable tous les actes des whigs depuis une année, et de signaler leurs défaites. On sait que cette impuissance législative était surtout attribuée par lord Lyndhurst et par le parti tory tout entier au désaccord qui existait alors entre les deux chambres. On sait enfin que sir Robert Peel fit à Tamworth et ailleurs un tableau pompeux de toutes les mesures utiles qui pourraient être réalisées lorsque la bonne harmonie entre les pouvoirs serait rétablie et que la machine constitutionnelle aurait repris son jeu régulier. Or, maintenant on demande à lord Lyndhurst ce qu’il pense du produit net de la dernière session, au parti tory ce que le pays gagne au rétablissement du bon accord entre les chambres, à sir Robert Peel enfin ce qu’il a fait des énormes majorités qui l’ont soutenu et le soutiennent encore dans les deux chambres. Et ce langage, ce ne sont pas seulement les feuilles de l’opposition qui le tiennent, c’est aussi le Times, le Morning-Herald, le Morning-Post, c’est-à-dire, le Standard excepté, tous les principaux journaux tories. Il est vrai que dans une Revue considérable qui appuie le cabinet on établit que les meilleures sessions sont celles qui produisent le moins ; mais ce n’est pas ainsi qu’on parlait l’an dernier, et il est trop clair que cette opinion, peu favorable au gouvernement représentatif, est la dernière ressource d’une polémique aux abois.