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retourna contre les whigs et recommença leur procès en homme qui connaît ses juges et qui est sûr de l’arrêt. Une faible réplique de lord John Russell termina le débat, et la majorité fut de 396 contre 281. C’était une majorité plus forte que toutes celles de l’an passé.

À la chambre des lords, il y eut une double tentative contre la loi des céréales, l’une au nom des anciens tarifs par lord Stanhope, l’autre au nom de la liberté du commerce par lord Monteagle (M. Spring-Rice.) Lord Ripon répondit au premier, qui attribuait au tarif nouveau toute la détresse du pays, et lui rappela plaisamment que l’an dernier il avait été « dans l’agonie de la peur (in the agony of fear) au sujet de l’importation des cochons. Cependant, ajouta-t-il, il n’en est entré que trois cent quinze. » La motion de lord Stanhope fut rejetée par 25 voix contre 4. Quant à celle de lord Monteagle, les whigs et lord Brougham l’appuyèrent ; mais elle ne réunit que 78 voix contre 200. Ainsi, malgré les attaques du dehors, le terme moyen de 1842 était victorieux dans les deux chambres.

Il y eut encore sur quelques points quelques escarmouches entre le ministère et les diverses oppositions. Ce fut un jour M. Duncombe qui, accusant lord Abinger d’avoir conduit le procès des chartistes avec passion et partialité, demanda qu’un comité choisi de la chambre examinât sa conduite judiciaire ; mais lord John Russell s’unit à l’attorney général et à sir James Graham pour faire rejeter cette motion, qui sur 301 voix n’en réunit que 73. Puis ce fut lord John Russell lui-même qui dénonça comme inconstitutionnelle la nomination d’un membre du cabinet, le duc de Wellington, aux fonctions de commandant en chef de l’armée ; mais sir Robert Peel ayant, au nom de tout le ministère, pris la responsabilité de cette nomination, lord John Russell n’osa pas provoquer un vote. Ce fut M. Ward qui proposa d’examiner les charges particulières qui pèsent sur la terre, afin, tout le monde le comprit, d’arriver à prouver que ces charges n’avaient rien qui motivât une protection spéciale ; mais cette manière détournée de revenir à la loi des céréales n’eut d’autre résultat que d’amener une assez vive discussion. Ce fut lord Ashley qui demanda l’abolition du commerce de l’opium ; mais à la prière de sir Robert Peel, qui promit de s’occuper de la question, lord Ashley retira sa motion. Ce fut M. Charles Buller qui, dans un discours très étendu, très instructif, développa ses idées sur l’organisation systématique d’une vaste colonisation ; mais lord Stanley fit observer que ce serait éveiller des espérances qu’on ne saurait réaliser, et M. Buller