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LE ROYAUME-UNI ET LE MINISTÈRE PEEL.

du parlement se divise en deux périodes séparées par la vacance de Pâques. C’est en général pendant la première de ces périodes que se posent et se résolvent les grandes questions politiques. Pendant la seconde, on achève d’expédier les affaires, et de rédiger en articles de loi les résolutions dont le principe a déjà été voté. Or, il est constant que, jusqu’à la vacance de Pâques, sir Robert Peel avait été vainqueur sur tous les points à peu près ; il est constant qu’à cette époque il paraissait à tout le monde plus puissant et plus inébranlable que jamais. Un rapide résumé des principaux débats de cette partie de la session en donnera la preuve.

Dans la session de 1842, les affaires étrangères, on s’en souvient, avaient tenu peu de place ; mais cette session s’était terminée laissant trois grandes questions indécises, celles de l’Afghanistan, de la Chine et du traité américain. Or, avant la session de 1843, ces trois questions avaient reçu, de la guerre ou de la diplomatie, une solution définitive. Elles devaient donc être l’objet d’un débat parlementaire, et avec sa présomption ordinaire lord Palmerston, dit-on, annonçait à qui voulait l’entendre qu’avec cet aide il se faisait fort de changer en minorité la majorité de sir Robert Peel. Or, voici ce qui advint des prophéties de l’ancien ministre des affaires étrangères.

On sait comment, vers la fin de 1842, se termina la guerre de Caboul. D’abominables excès, et en définitive l’abandon peu glorieux d’un pays où l’on avait espéré s’établir ; mais d’un autre côté une campagne assez brillante, une revanche suffisante des désastres de l’année précédente, et par-dessus tout la fin d’une entreprise mal conçue, mal dirigée, et qui ne pouvait conduire à rien de grand ou d’utile. S’il n’y avait pas là pour sir Robert Peel un sujet de triomphe, il y avait moins encore un sujet d’attaque pour l’opposition, surtout pour l’opposition whig, responsable des fautes et des malheurs de 1841. Heureusement pour elle, par deux de ses proclamations, le gouverneur actuel de l’Inde, lord Ellenborough, avait donné prise. Dans l’une, il accusait ouvertement la politique de son prédécesseur et représentait en quelque sorte la défaite de 1841 comme la juste punition de cette politique ; dans l’autre, il annonçait avec orgueil aux Indiens que les portes du temple de Somnauth, conquises en 1024 par le sultan Mahmoud, et reprises à Ghuznee par les soldats anglais, allaient être ramenées en triomphe, et que l’insulte de huit cents ans était ainsi vengée. De ces deux proclamations, la première était blâmable, la seconde n’était que ridicule. C’est pourtant celle-ci qui, par l’indignation qu’elle causa, mit lord Ellenborough