Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/855

Cette page a été validée par deux contributeurs.



DU
ROYAUME-UNI
ET
DU MINISTÈRE PEEL EN 1843.

L’an dernier, à pareille époque, le chef du cabinet anglais était arrivé au plus haut degré de la puissance et presque de la gloire. Porté au pouvoir, malgré la reine, par une imposante majorité, et pleinement investi de la confiance du pays, il semblait qu’une longue et grande carrière s’ouvrît devant lui. Par la hardiesse de ses actes, par l’éclat de ses paroles, par le bonheur aussi des évènemens, il avait à la fois triomphé des attaques de ses ennemis, des résistances de ses amis, et, pendant une session de plusieurs mois, pas un échec ne lui était survenu. Quand il se levait, c’était donc avec la conscience un peu orgueilleuse de sa force, et jamais, quoi qu’il pût dire, il ne se rasseyait sans être soutenu par des applaudissemens répétés. Au dehors, au dedans, tout en un mot lui avait réussi. Aussi l’opinion générale proclamait-elle qu’aucun ministre, depuis Pitt, n’avait gouverné l’Angleterre avec une autorité aussi incontestée et