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préalablement à toute transaction, à respecter le culte catholique partout où il le trouverait établi ; il dut même promettre d’en octroyer le libre exercice dans les territoires où il était interdit jusqu’alors[1].

Sous ces conditions, longuement débattues et maintenues par le ministre français avec une respectueuse fermeté, fut enfin signée le 13 janvier 1631 cette alliance, la première qui se soit proposée pour but avoué la reconstitution politique de l’Europe sur la base de l’équilibre général. Les parties contractantes déclaraient à la face du monde n’avoir en vue que d’assurer les droits des membres de l’empire. Cependant ces déclarations n’interdisaient pas à Gustave l’espérance légitime de prendre pied en Allemagne pour contenir au besoin la puissance impériale, non plus qu’elles n’enlevaient à Riche-

  1. Le passage suivant des Mémoires de Richelieu contient un extrait textuel des instructions adressées à M. de Charnacé sous la date du 24 décembre 1630, en lui envoyant ses pleins pouvoirs : « Il eut charge de dire au roi de Suède que sa majesté, touchée comme lui des misères de l’Allemagne, et semblablement aussi de la jalousie de voir agrandir proche de ses frontières une maison aspirant à la monarchie universelle, et de qui l’ambition n’avait point de bornes que celles qui lui sont opposées par une forte et puissante résistance, désirait contribuer de sa part à ce qu’il fût le chef d’une armée de trente mille hommes de pied et de huit mille chevaux, qui serait employée à maintenir la liberté des princes, communautés et villes de l’empire, à conserver la sûreté du commerce des deux mers Baltique et Océane et de leurs ports, à obtenir de l’empereur, par remontrance ou par force, de ne plus molester par les armes l’Allemagne ni les provinces qui en sont voisines, et retirer ses garnisons des provinces et villes libres ; à faire que le roi d’Espagne se retirât des lieux qu’il occupait dans l’Allemagne, et que toutes les forteresses qui avaient été bâties de part et d’autre sur la côte des deux mers Baltique ou ailleurs, dans la haute et basse Allemagne et sur les terres des Grisons, fussent démolies.

    « Que, s’il s’y voulait obliger, elle l’y assisterait de 600,000 livres, tant que le traité durerait, qui lui semblait devoir être de cinq ou six ans, sauf à le prolonger, s’il en était besoin ; mais que ce serait à condition que les princes, communautés et peuples qui étaient compris dans une ligue offensive catholique d’Allemagne, ne seraient inquiétés en aucunes choses qui leur appartissent légitimement, et que notamment la Bavière ne serait point troublée dans la possession de son électorat et autres droits qui se trouveraient lui appartenir raisonnablement, et que dans les lieux qui seraient rendus ou pris par force, l’on ne changerait point l’état de la religion, mais qu’au contraire l’exercice de la religion catholique, apostolique et romaine serait permis en ceux même où il n’était pas auparavant. — Ces propositions devinrent la base du traité lui-même, sauf le taux du subside, qui fut doublé, et porté à 240,000 rixdalers pendant tout le temps que durerait la guerre de l’empire. (Voyez le traité de Bernwalt, dans Dumont ; Corps diplomatique, t. VI, p. 1 et le père Bougeant, liv. III, par. XXI).