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ATHÈNES
ET
LES ÉVÈNEMENS DU 15 SEPTEMBRE.

On est malheureux d’avoir vu Athènes ; je commence hardiment par cette conclusion. Athènes est un de ces noms magiques qui réveillent en nous des images auprès desquelles toute réalité est insuffisante ou même ridicule. L’imagination seule, cette fée merveilleuse, peut de loin nous dépeindre un théâtre digne des évènemens que ce mot nous rappelle, mais elle perd sa puissance devant l’implacable vérité. Tout rêve de jeunesse s’enfuit à l’aspect de la moderne capitale de la Grèce, et l’on ne sait, quand on l’a vue, comment encadrer dans ce qui existe les souvenirs du passé.

Le paquebot autrichien à bord duquel nous avions pris passage, la veille au soir, à Syra, arriva une heure avant le lever du soleil en vue des côtes de l’Attique. Cette matinée de printemps était d’une admirable pureté. Au-dessus de nos têtes, les étoiles s’éteignent une à une, et les premières lueurs du jour blanchissaient l’horizon. Le navire, poussé par une fraîche brise, filait rapidement sur une mer unie comme un miroir et blanche comme un lac d’étain fondu.