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LA SARDAIGNE.

est la douane, qui rapporte près de quatorze cent mille francs. Le monopole du sel, sur lequel le gouvernement réalise un très grand bénéfice, figure dans le budget des recettes pour une somme de quatre cent dix-neuf mille francs, le tiers du revenu total. Cinq cent trente-quatre mille francs sont votés, sous le nom de donatifs ordinaire et extraordinaire, par les trois ordres réunis, à cet effet au commencement de chaque règne. Le reste des impôts est exigé en vertu de la prérogative royale.

Une autre contribution fort onéreuse, qu’il faut ajouter à toutes celles que le peuple supporte, c’est la dîme ecclésiastique, qui, affermée en général par le clergé, est perçue dans l’île avec une grande rigueur. Cette dîme, qui dépasse souvent de beaucoup le dixième des produits, atteint presque toutes les denrées de l’île et même le bétail ; les revenus ecclésiastiques, dont elle forme la partie la plus considérable, s’élèvent à près du tiers du revenu total de l’état.

La religion catholique est la seule dont l’exercice soit toléré en Sardaigne, et le clergé y jouit encore de la plénitude de sa puissance. On compte dans l’île trois archevêchés et huit évêchés, 458 chanoines et bénéficiers, et 1105 personnes attachées aux ordres religieux, réparties dans quatre-vingt-neuf couvens. Les jésuites, rétablis depuis peu d’années, ont déjà recouvré une partie des possessions qui leur avaient été enlevées. Ils occupent trois couvens et y sont au nombre de soixante religieux, dont seize seulement sont revêtus du sacerdoce. Les frères des écoles pies, ou frères scolopes, sont chargés depuis long-temps de l’éducation primaire et s’acquittent avec beaucoup de zèle de ces fonctions : dans les seules villes de Cagliari et de Sassari, ils réunissent plus de treize cents élèves ; chacune de ces deux villes possède en outre une université et un collège de jésuites. Les cours de l’université sont suivis par sept cents élèves environ, et ceux des jésuites par près de six cents. Il n’est pas indifférent de remarquer que les révérends pères ont trouvé moyen d’échapper au contrôle de l’autorité universitaire, représentée en Sardaigne par des magistrats des études.

Bien qu’un décret royal, de date assez ancienne déjà, ait établi dans tous les centres de population des écoles élémentaires dont les professeurs payés par les communes doivent être de préférence choisis parmi les ecclésiastiques, peu de paysans savent lire. Les parens qui destinent leurs enfans à la carrière ecclésiastique ou au barreau, et qui sont cependant trop pauvres pour subvenir à leur entretien pendant la durée de leurs études, les envoient à Cagliari,