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aux habitans professant la religion catholique le plein et libre exercice de leur culte, ainsi que celui du culte réformé leur était garanti à eux-mêmes[1].

La trêve ainsi conclue avec les ennemis permanens du dedans et du dehors allait être utilement employée. Les deux années qui s’écoulèrent depuis cette transaction jusqu’au siége de La Rochelle sont à coup sûr l’une des périodes les mieux remplies de l’histoire moderne ; jamais pouvoir qui s’élève ne s’est consolidé par des mesures plus décisives, par des vues plus neuves et plus fécondes.

La mort de Lesdiguières ayant rendu vacante la grande dignité de connétable, qui élevait dans l’armée un pouvoir égal, sinon supérieur à celui de la couronne, Richelieu n’hésita pas à en faire décréter à toujours l’abolition. Il en fut de même pour le titre de grand amiral, dont les prérogatives dans les armées navales étaient égales à celles du connétable. Ces deux grands officiers se partageaient l’autorité royale d’une façon d’autant plus complète, que la connétablie et l’amirauté, étant charges de la couronne, ne se perdaient qu’avec la vie. Les seigneurs qui en étaient revêtus avaient conquis le droit de ne rendre compte qu’au roi lui-même de la comptabilité financière des armées, de telle sorte que le pouvoir ministériel se trouvait exclu de toute intervention dans les branches les plus importantes de l’administration publique. La charge d’amiral de France n’étant pas vacante, le trésor paya au duc de Montmorency, son titulaire, une somme de douze cent mille francs pour remboursement, somme qui, bien qu’elle parût considérable, dit Bassompierre, « a été d’un grand gain au roi pour les succès des années suivantes, qui ne fussent pas arrivés sans cela. » Richelieu faisait en même temps créer une surintendance générale du commerce et de la navigation qu’il réunissait à ses fonctions ministérielles. De cette manière, il concentrait dans ses mains toute la partie administrative du service maritime, et rendait à la couronne, c’est-à-dire à lui-même le droit de conférer le commandement des forces navales, avec tous les emplois dont le grand amiral avait eu jusqu’alors la pleine et entière disposition.

Depuis long-temps, le ministre dirigeait sa pensée vers l’accroissement de la marine militaire et l’extension du commerce et de l’industrie. Le Testament politique contient sous ce double rapport les vues les plus curieuses à étudier. Les idées du cardinal sur le déve-

  1. Traité de Paris du 5 février 1626.