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LA SARDAIGNE.

perficie de la Sardaigne, en y comprenant celle des petites îles adjacentes, est de près de sept mille milles géographiques carrés, ou environ deux cent trente-neuf myriamètres ; mais ce qui lui mériterait le premier rang entre les îles méditerranéennes, ce n’est pas sa superficie, ce n’est pas même la fertilité de son sol : c’est sa ceinture de ports ; ce sont ces dix mouillages qui, sur un périmètre de plus de deux cents lieues, forment autant d’étapes pour le commerce ou pour la guerre.

Si nous commençons l’exploration de ce littoral, qui s’enfonce à chaque pas en des golfes profonds ou se découpe en archipels tutélaires, par l’extrémité nord-est de la Sardaigne, nous voyons d’abord le groupe des îles de la Madeleine abriter les baies d’Arsachena et d’Azincourt, où Nelson venait se réfugier pendant ses longues croisières devant Toulon. À quinze lieues de là, l’île d’Asinara, qui touche à la Sardaigne et forme son extrémité nord-ouest, présente sur sa côte orientale les mouillages de la Reale et des Fornelli, excellens abris auxquels peut se confier une frégate, et qui servent pour ainsi dire de rade à la darse insuffisante de Porto-Torrès. Tournant la pointe d’Asinara, nous n’avons pas fait onze lieues vers le sud que nous rencontrons un autre port. C’est Porto-Conte, près de la ville d’Alghero, le plus sûr et le plus abrité des ports de la Sardaigne. Seize lieues plus bas, sous le cap de la Frasca, à la pointe sud du golfe d’Oristano, une frégate peut mouiller en toute sécurité. Après Oristano, à douze lieues plus loin, commence enfin, dans le sud, la magnifique série des vastes bassins creusés par la nature. Cette partie du littoral comprend dans son développement la baie de Saint-Pierre, formée par l’île de ce nom ; celle de Palmas, entre le continent sarde et l’île de Saint-Antioche, celle de l’île Rousse, vers le cap Teulada, et enfin le grand golfe de Cagliari, dont l’entrée, de Pula à Carbonara, a vingt-quatre milles d’ouverture. La côte orientale, est moins bien dotée que les autres. L’abri de la petite île de Tortoli, à dix-sept lieues du cap Carbonara, ne saurait donner de sécurité qu’à des bricks, et il faut remonter jusqu’aux golfes de Terra-Nova et de Congianus, situés à trente-six lieues de Carbonara et à huit lieues environ des îles de la Madeleine, notre point de départ, pour renouer cette riche et forte chaîne de baies spacieuses, de ports faciles à défendre.

L’aspect général de la Sardaigne est celui d’une contrée montagneuse et accidentée. Toutefois, ses montagnes, comparées à celles de la Corse, n’ont qu’une médiocre élévation, et semblent la conti-